Résumé : 1944. Envoyées dans les camps avec les millions de victimes de l'holocauste, 3 femmes enceintes : Priska, Rachel et Anka. Trois bébés qui naissent à quelques semaines d'intervalle dans les plus épouvantables circonstances, en déportation. Ils pèsent moins de 1.5 kilo, leurs mères une trentaine, et sont orphelins de pères, tués par les nazis. Malgré le froid, la faim et la menace permanente des chambres à gaz, femmes et enfants survivront. Soixante-dix ans plus tard, ces sœurs et frère de cœur racontent l'incroyable histoire de leurs mères qui défièrent la mort pour leur donner la vie.
Ce livre n'est pas un roman, c'est une histoire vraie, qui nous est racontée en se basant sur des lettres personnelles, des archives historiques, des témoignages et les souvenirs de ces survivants.
Je pense qu'il est bon, de temps en temps, de faire une piqûre de rappel de ce que fut cette période noire de l'Histoire. Et ce document écrit par Wendy Holden est parfait pour cela. Parce que, d'une part, il nous offre un éclairage historico-géo-politique sur les années 1920-1940, à la fois bien documenté et pas trop indigeste, et que d'autre part, nous suivons tout au long de ces pages le destin de 3 femmes fortes, qui ont eu la volonté et la chance, de survivre à l'Holocauste.
Trois jeunes femmes qui commencent le chemin de croix de la déportation à 28, 25 et 27 ans, et qui ont plusieurs points en commun : leur goût pour l'étude, le savoir et les langues, l'amour indéfectible pour leur mari, la vie qu'elles portent en elle, et leur force. Priska est slovaque, Rachel polonaise et Anka tchèque, ce qui permet à l'auteur de nous éclairer sur la naissance et l'amplification progressive, dans chaque pays, des (horribles) mesures antijuives, de la création des différents (épouvantables) ghettos, et des déportations vers les (monstrueux) camps. C'est très bien documenté sans être trop indigeste.
Comme dans tous les récits de ce genre, ces trois femmes sont écrasées par la tyrannie nazie, la famine dans les ghettos et les camps, l'avilissement, les sélections durant les Appels interminables, la menace du Zyklon B, la déshumanisation, la faim, les maladies, l'épuisement et la barbarie.
On retrouve bien sûr dans ce document des noms tristement célèbres comme ceux du Docteur Mengele, d'Himmler, d'Auschwitz-Birkenau, de Varsovie ou encore de Mauthausen. Cependant Wendy Holden prend également la peine de nous conter des épisodes moins connus, comme celui du terrible mur des parachutistes, non loin des escaliers de la mort. Mais aussi des (rares) scènes remplies d'humanité, qui ont permis à ces déportés de croire encore un peu en l'Homme et en la Vie. Comme l'effervescence culturelle du camp de Terezin, l'intimité encore possible pour certains couples dans les camps, ou encore les merveilleux habitants et le chef de gare au très grand coeur du village de Horni Brisa.
Je dirais que le seul bémol de cette lecture, c'est que durant les 300 premières pages, on a surtout droit à cette histoire politique de l'Europe nazie et Priska, Rachel et Anka sont là mais en filigrane. Tandis que les 150 dernières pages (les seules pages qui devraient s'appeler "Les bébés de Mauthausen, en fait), consacrées à l'arrivée dans l'horrible camp de Mauthausen et à la vie après la guerre, sont plus riches (et dures) émotionnellement car elles se concentrent vraiment sur Priska, Rachel, Anka et leurs bébés. Très touchant.
Ma note :