2 avril 2018 1 02 /04 /avril /2018 13:26

 

 

 

Résumé : À 14 ans, Turtle Alveston arpente les bois de la côte nord de la Californie avec un fusil et un pistolet pour seuls compagnons. Elle trouve refuge sur les plages et les îlots rocheux qu’elle parcourt sur des kilomètres. Mais si le monde extérieur s’ouvre à elle dans toute son immensité, son univers familial est étroit et menaçant : Turtle a grandi seule, sous la coupe d’un père charismatique et abusif. Sa vie sociale est confinée au collège, et elle repousse quiconque essaye de percer sa carapace. Jusqu’au jour où elle rencontre Jacob, un lycéen blagueur qu’elle intrigue et fascine à la fois...

 

 

Tous les billets que j'ai lus sur ce premier roman étaient unanimes sur ses nombreuses qualités. Et, en effet, je ne vois pas comment on pourrait rester extérieur ou insensible à cette histoire.

 

Les talents de l'auteur sont nombreux. Il a tout d'abord un don incroyable pour créer des personnages forts. Turtle, l'héroïne du roman, est d'une intensité rare : elle vous cueille dès les premières scènes et vous savez que vous ne pourrez jamais l'oublier une fois la dernière page tournée. Puis il y a Martin Alveston, le père, this absolute fucking jerk. Putain de fils de pute de merde. Plus un gourou qu'un père, d'ailleurs. Rarement une histoire aura mis en scène un anti-héros aussi terrible, parce qu'il ne se contente pas de terrifier sa fille : vous aussi, vous vous retrouvez collé le dos au mur, tremblant devant ce qu'il pourrait bien inventer pour asseoir encore davantage son emprise.

 

Parce qu'il est exactement là le point fort de ce roman : Gabriel Tallent construit page après page une atmosphère presque palpable. La tension est lourde dès les premières scènes et l'auteur ne se contente pas de décrire : il nous fait ressentir cette étrange attraction/répulsion qu'exerce Martin sur sa fille. Il entretient savamment le doute sur cette relation à coups de paradoxes : douceur et violence, ignorance et philosophie, pureté et pourriture, naïveté et clairvoyance, liberté et dépendance... My absolute darling et espèce de sale petite connasse.

 

Il y a des lenteurs dans la première moitié du roman, assez contemplative, mais elles sont là à dessein, pour appesantir davantage l'atmosphère, jusqu'à ce qu'elle devienne irrespirable pour Turtle et pour le lecteur. Plus les pages se tournent et plus on manque d'air. La peur est partout, tout le temps, tantôt sourde, tantôt étouffante, jusqu'à parfois vous nouer le ventre et la gorge, coupant votre respiration le temps que les scènes insoutenables prennent enfin fin. Impossible d'empêcher ce roman de vous atteindre, vous n'avez pas le choix, vous ne pouvez que vous laisser secouer par l'auteur.

 

En bref, une lecture qui vous prend aux tripes et une héroïne i-nou-bli-able. A noter aussi que toutes ces qualités n'ont cessé de me donner l'impression de lire un roman de David Vann.

 

Ma note :

 

 

Merci au Picabo River Book Club pour la découverte de cette pépite signée Gallmeister. Et n'hésitez pas à rejoindre ce groupe de lecture dédié à la littérature américaine, sur Facebook par ICI.

 

 

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17 janvier 2017 2 17 /01 /janvier /2017 19:22

 

 

 

 

Résumé : Rien n’est plus comme avant : le monde tel qu’on le connaît semble avoir vacillé, plus d’électricité ni d’essence, les trains et les avions ne circulent plus. Des rumeurs courent, les gens fuient. Nell et Eva, 17 et 18 ans, vivent depuis toujours dans leur maison familiale, au cœur de la forêt. Quand la civilisation s’effondre, il leur reste, toujours vivantes, leurs passions de la danse et de la lecture, mais face à l’inconnu, il va falloir apprendre à grandir autrement, à se battre et à faire confiance à la forêt qui les entoure, emplie d’inépuisables richesses. Considéré comme un véritable choc littéraire aux États-Unis, ce roman sensuel et puissant met en scène deux jeunes femmes qui entraînent le lecteur vers une vie nouvelle.

 

"Dans la forêt" est l'une des dernières parutions des Éditions Gallmeister et je ne peux que vous la conseiller. En effet, même si le résumé laisse à penser à du "post-apocalyptique", c'est bien plus que cela : c'est aussi un roman familial, un roman initiatique, un roman contemporain, un roman à suspense, mais aussi et surtout du "Nature Writing"... Jean Hengland nous offre une histoire envoutante, décrivant à merveille le parcours et l'évolution de ces 2 soeurs, dans cette forêt tantôt hostile, tantôt salvatrice.

 

Nell et Eva sont isolées de tout et elles se réchauffent le coeur et le corps comme elles peuvent : en se remémorant les souvenirs communs de "l'avant", en dansant jusqu'à l'épuisement, ou en lisant chaque entrée de l'encyclopédie méthodiquement. Et plus que tout, en gardant l'espoir de réaliser leurs rêves, une carrière de danseuse étoile et une admission à Harvard.

 

Quand on lit "Dans la forêt", on est immergé totalement avec cette famille au coeur de ces dizaines d'hectares de nature à Redwood, ... une vraie fugue dissociative (coucou Nell ^^) qui a quelque chose d'animal, d'organique, et qui touche du doigt l'essentiel, l'instinctif et le vrai. Et on ne peut plus regarder son quotidien du même oeil : une boîte d'allumettes, un cahier vierge, un long bain chaud, une conserve de pêches, une paire de pointes raccommodées, une bouteille de Grand Marnier, un tiroir, ou du thé blanc,... tout a une saveur différente.

 

C'est un roman que j'ai trouvé très beau. Emouvant. Fort. Prenant. Et aussi original, notamment grâce à l'une ou l'autre scène assez dérangeantes, qui montrent que l'auteur n'a pas eu peur de dérouter son lecteur. Une histoire où le contexte post-apocalyptique n'est pas fait de guerres, d'horreurs et de monstres (quoique) mais bien de la découverte de l'humanité -incarnée par ces deux soeurs- menacée.

 

En bref, j'ai adoré ce roman que j'ai trouvé excellent.

 

Ma note :

 

 

 

D'autres avis : coup de coeur pour Noukette ICI, pour Léa ICI, et pour Mymy ICI. Cassandre a adoré ICI et un avis un peu moins positif pour Girlkissedbyfire ICI.

 

 

Et si je suis très triste d'avoir dû lâcher les mains de Nell et d'Eva en tournant la dernière page, je suis ravie de pouvoir encore passer un petit bout de chemin avec elles, en regardant très bientôt l'adaptation cinématographique qui en a été faite "Into the forest".

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6 janvier 2017 5 06 /01 /janvier /2017 18:48

 

 

 

Résumé : Après avoir dénoncé sa mère, une tueuse en série, Annie, quinze ans, a été placée dans une famille d'accueil aisée, les Thomas-Blythe. Elle vit aujourd'hui sous le nom de Milly Barnes et a envie, plus que tout, de passer inaperçue. Sous son nouveau toit, elle est la proie des brimades de Phoebe, la fille des Thomas-Blythe, qui ignore tout de sa véritable identité. À l'ouverture du procès de la mère de Milly, qui fait déjà la une de tous les médias, la tension monte d'un cran pour la jeune fille ...
 

 

Première lecture de l'année et premier succès ! En effet, ce thriller paru aux Éditions Sonatine a tout simplement tenu toutes ses promesses.

 

Tout d'abord grâce à Milly, cette héroïne tout à fait singulière, et aussi attachante que dérangeante. On se prend très rapidement d'affection pour elle, c'est un personnage passionnant, aussi lumineux que noir, qui nous fait sans cesse remettre notre jugement en question sur elle, ne sachant jamais réellement si elle a besoin d'être protégée ou surveillée... Comme elle, on doute : est-il possible d'échapper au monstre tapi dans son ADN ?

 

Puis surtout grâce au talent d'Ali Land (dont c'est le premier roman !) qui maîtrise avec brio l'art du suspense : tout s'enchaine, on est tenu en haleine, le doute est partout, on se pose mille questions, et on est continuellement à l'affut d'un éventuel basculement.

 

Comme beaucoup de romans noirs qui entrent dans l'intimité des psychopathes, on est forcément un peu dans l'exagération et dans l'extra-ordinaire, mais il n'en demeure pas moins que ce roman est diablement bien fichu et hautement addictif ! Un seul minuscule bémol, je trouve que le titre original est bien meilleur que sa traduction française : "Good me, Bad me"

 

 

 

En bref, un très grand plaisir de lecture (qui fait commencer mon année littéraire sur les chapeaux de roue!).

 

Ma note :

 

 

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4 novembre 2016 5 04 /11 /novembre /2016 17:20

 

 

 

Résumé : Caitlin, 12 ans, habite avec sa mère dans un modeste appartement d’une banlieue de Seattle. Afin d’échapper à la solitude et à la grisaille de sa vie quotidienne, chaque jour, après l’école, elle court à l’aquarium pour se plonger dans les profondeurs du monde marin qui la fascine. Là, elle rencontre un vieil homme qui semble partager sa passion pour les poissons et devient peu à peu son confident. Mais la vie de Caitlin bascule le jour où sa mère découvre cette amitié...

 
 
Wow. David Vann m'avait déjà complètement embarquée et conquise grâce son rebondissement aussi inattendu que traumatisant dans "Sukkwan Island" (mon avis ICI) mais je pense qu'ici, il a encore fait plus fort, en me faisant ressentir tant d'émotions fortes sans avoir besoin d'un twist ou d'un autre artifice.
 
Pfioouuuu... Quelle intensité... Dans l'histoire tout d'abord, mais également surtout dans ses personnages. En effet, David Vann pousse à son paroxysme la violence des rapports humains et familiaux, abordant les sujets de l'abandon, de l'impossible pardon, des remords ou encore de la lâcheté.
 
Au sein de cette famille, il y a Sheri, la mère, personnage tout à fait complexe : elle est douce et attentionnée, aimante et prévenante ; et puis lors du tournant du roman, on découvre en elle une haine et une colère tellement animales que la folie n'est jamais bien loin. Et le lecteur assiste à un déferlement de rage -complètement impuissant et terrifié- lors de scènes vraiment psychologiquement TERRIBLES (il faut s'accrocher)...
 
Et lors de ces scènes où la violence allait crescendo, je dois avouer avoir "craint" que la noirceur caractéristique de l'univers de David Vann ne dévore entièrement cette histoire, mais c'était sans compter sur son héroïne, la lumineuse petite Caitlin, insufflant à cette histoire un espoir salutaire, et rendant cette noirceur éblouissante.
 
Je pourrais continuer à écrire sur ce roman, encore et encore, pour vous dire combien j'ai aimé et vécu cette lecture, mais ce serait une erreur de vous en dire plus : je vous invite simplement à le découvrir et j'espère que vous vibrerez (tremblerez) autant pour Caitlin et sa famille que moi.

 

En bref, une histoire unique qui ne ressemble à aucune autre, des personnages charismatiques, une tension et une violence grandissantes, un malaise plus que palpable, et des émotions intenses, ... vous l'aurez compris : j'ai adoré.

 

(Un seul bémol : l'absence de marqueurs typographiques de dialogues, brrr, je n'aime pas du tout cela)

 

Ma note :

 

 

 

 

D'autres avis : un avis mitigé pour Girlkissedbyfire qui l'a trouvé trop violent et choquant ICI, une perle littéraire pour Léa Touch Book ICI, et une énorme claque pour Séverine Ilestbiencelivre ICI.

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8 octobre 2016 6 08 /10 /octobre /2016 16:01

 

 

 

Résumé : C’est l’histoire d’un retour, d’une sentence et d’une vague qui monte à l’horizon. 2016. Antoine Harelde débarque à Ceduna, dans les terres arides du sud de l’Australie. Vingt ans auparavant, il a passé un été dans cette petite ville perdue et, en l’espace de trois mois qui l’ont vu quitter l’adolescence, il a connu la joie, l’amitié, l’amour et l’horreur. Aujourd’hui il est un homme. Il n’a pas oublié, il n’a rien pardonné. Mais la justice prend d’étranges et inquiétantes couleurs à la lumière de l’apocalypse.

 

Voilà un des romans dont j'attendais le plus la sortie cette année et que dire sinon que je n'ai pas été déçue une seule seconde du voyage : commencé hier et terminé ce matin, je me suis laissée dévorer tout crue par les mots et les monstres de Maud Mayeras.

 

Des romans psychologiques, du noir, des thrillers, j'en lis souvent, mais je ne croise pas souvent une aussi belle plume pour servir la noirceur : c'est aussi fluide que l'écriture d'un page-turner très efficace, mais ça a la grâce et la poésie des très bons romans contemporains.

 

Ce qui m'a le plus convaincue, c'est le talent de l'auteur pour créer une atmosphère sombre, pesante, avec une menace sourde qui couve, qui guette à chaque coin de pages et qui s'insinue au plus profond du ventre du lecteur. Une expérience de lecture qui m'a souvent rappelé l'intensité noire de "Les loups à leur porte" de Jérémy Fel (mon billet ICI).

 

Puis il y a ces personnages, bien cabossés ou bien barjes, Cockie et sa puanteur d'enfer (bordeldétronenchaussettesCONNASSE!), l'irrésistible et charismatique Hunter (BIM, une claque ce personnage!), la douce Lark et puis Antoine, le héros de l'histoire auquel on ne peut que s'attacher fort, très fort. On les découvre en 2016 lors du retour d'Antoine sur ces terres où il a vécu le meilleur comme le pire, puis on apprend aussi et surtout à les connaitre 20 ans auparavant dans ces très belles pages consacrées à leurs émois adolescents : innocents ou dangereux, doux et amers. Et on se rend compte que les monstres ne sont pas toujours ceux que l'on croit...

 

Je ne vous dirai rien du contenu de l'histoire, le résumé en dit juste assez mais sachez que vous allez vous retrouver totalement immergé dans l'immense Outback australien, avec sa lumière qui brûle tout, sa terre rouge sanglante et cette poussière collante qui vous assèche la gorge, tout comme la folie douce -ou terrible- tapie entre ces pages.

 

Seul bémol, la profusion des thèmes traités, vraiment trop à mon goût (notamment celui du milieu de l'histoire), mais ça en fait aussi un roman noir plutôt original et affranchi des conventions du genre.

 

En bref, merci pour le voyage, Maud !

 

Ma note : 4.5/5 (mes plumes se font la malle avec la nouvelle interface Admin d'Overblog, wtf !?!)

 

D'autres avis : le très beau billet d'Yvan ICI, Ilestbiencelivre a adoré ICI, tout comme Nathalie ICI.

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18 août 2016 4 18 /08 /août /2016 07:00

 

 

 

Résumé : New York, Greenwich Village, années 1970. Rainey Royal, quatorze ans, habite une maison autrefois élégante mais aujourd'hui délabrée. Elle vit avec son père, musicien de jazz culte, qui mène une existence bohème dans cette grande demeure ouverte à tous. Sa mère ayant déserté le foyer pour aller vivre dans un ashram, Rainey est livrée à elle-même, proie facile pour les protégés de son père qui vont et viennent dans la maison. À l'extérieur, l'adolescente rebelle se révèle forte et cruelle, violente même, jouant du pouvoir de séduction qu'elle exerce sur les autres pour trouver son chemin.

 

 

Dans ce premier roman, Dylan Landis nous offre un aller simple direct pour le New York bohème des années 1970 : les odeurs de bois de santal et de rose thé, le jazz et l'art omniprésents, le vent de liberté, la vie en communauté, sex & drugs... on s'y croirait. D'ailleurs, j'ai souvent eu l'impression -notamment en raison des nombreuses ellipses- de parcourir un album photo rempli de polaroïds délicieusement vintages, comme des instantanés de vie. Immersion garantie.

 

Cette histoire repose entièrement sur son héroïne, Rainey Royal, que l'on rencontre à 14 ans et que l'on voit grandir pendant une douzaine d'années. Jeune fille délaissée (c'est le moins qu'on puisse dire) par sa famille, qui se cherche et qui veut à tout prix vivre des émotions fortes. Elle est sublimissime (et elle le sait), une déesse à la beauté sauvage et étincellante qui a un besoin viscéral de susciter le désir et d'être au centre de l'attention. La tentation incarnée. Elle dégage un parfum de scandale et elle hypnotise tout son entourage : tous succombent au charme vénéneux de Rainey. Provocante, attachante, troublante, énervante, fascinante, effrayante, bouleversante, insolente... Rainey Royal est un personnage qui ne vous laissera pas indifférent. On a parfois envie de la baffer ou de la secouer, mais on a surtout envie qu'elle trouve son bonheur.

 

Certaines scènes sont dures, dont une qui m'a particulièrement heurtée, celle de la réaction d'un père face à un événement que vit sa fille. Un coup de poing dans le ventre du lecteur. Speechless. Et si j'ai aimé cette atmosphère parfois malsaine, il me faut toutefois souligner que cela en fait un roman qui ne plaira pas à tous les lecteurs.

 

Mon seul regret sera un petit goût de trop peu, j'aurais tellement voulu en apprendre encore davantage sur Rainey, Leah et Tina, j'aurais voulu que l'album ait encore quelques pages.

 

En bref, un portrait intense d'une jeune femme des années 70.

 

 

Ma note : 4 b pn

 

 

D'autres avis : un coup de coeur chez Le Chat du Cheshire ICI, et Léa Touch Book moins convaincue ICI.

 

Et pour Rainey, une peinture-patchwork de Sainte Cath(erine) de Bologne, patronne des artistes peintres.

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8 août 2016 1 08 /08 /août /2016 08:39

 

 

 

 

 

Résumé : Une maison qui brûle à l'horizon ; un homme qui se met en danger pour venir en aide à un petit garçon qu'il connait à peine ; une serveuse dans un "diner" perdu en plein milieu de l'Indiana forcée de faire à nouveau face à un passé qu'elle avait tenté de fuir ; et un couple sans histoires qui laisse, un soir de tempête, entrer chez eux un mal bien plus dévastateur... Qu'est-ce qui unit tous ces personnages ? Quel secret les lie ? Quelle menace se devine entre les lignes de leurs destins ?

 

 

La quatrième de couverture annonce « un grand puzzle feuilletonesque à l’atmosphère énigmatique et troublante », et c’est exactement ce que l’auteur nous offre durant ces 430 pages.

 

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Pour moi, le plus réussi dans ce premier (!) roman, c’est  cette  atmosphère, de celles qu’on peut presque toucher du doigt tant elles sont prégnantes : c’est noir noir noir, c’est inquiétant, et c’est mystérieux à souhait. Un régal de sentir à toutes les pages la menace qui plane, et qui gronde, sans du tout savoir comment, ni qui, ni quand elle va frapper. Le tout est très cinématographique, comme une succession de courts-métrages très bien léchés, nous immergeant entièrement dans ce monde rempli de dangers réels et oniriques.

 

En outre, même si l’auteur nous plonge à chaque chapitre dans une nouvelle région/époque, avec de nouveaux personnages (du fin fond du Kansas des années 1980 à l’Angleterre, la France ou les États-Unis de nos jours) chaque partie est aussi captivante que les précédentes, car Jérémy Fel arrive à nous faire trembler pour ses personnages : 20 pages avec eux et on est déjà impliqué émotionnellement, et à la merci de l’auteur, attendant impatiemment que les pièces du puzzle commencent à s’imbriquer les unes dans les autres.

 

Le titre est brillamment choisi, un point commun à tous ces destins qui croisent sur leur route, ou dans leurs cauchemars, de la terreur et du désespoir, des brutes sanguinaires, de la cruauté et de la violence, et des psychopathes en puissance. Mention spéciale à Walter... même si le jeune loup qu'on croise à la toute fin du roman semble un successeur au moins aussi talentueux.

 

Si j’ai adoré passionnément la première moitié nimbée de mystère, entre chien et loup, quand la menace couve plutôt que quand elle frappe, j’ai un peu moins vibré avec le dernier tiers et la fin, que j’ai trouvés moins intenses et moins sombres : je me sentais d'attaque pour un bain de noirceur jusqu'à l'overdose (mais depuis que j'ai appris qu'il y aurait une suite, je comprends mieux ce choix!).

 

En bref, un roman envoutant.

 

 

Ma note : 4 b pn

 

 

D'autres avis : un gros coup de coeur pour La Fée Lit ICI, Jostein a apprécié ICI, coup de coeur pour Léa Touch Book ICI, efficace et culotté pour Jérôme ICI.

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5 août 2016 5 05 /08 /août /2016 09:45

 

 

 

 

Résumé : Kaboul, 2007 : les Talibans font la loi dans les rues. Avec un père toxicomane et sans frère, Rahima et ses soeurs ne peuvent quitter la maison. Leur seul espoir réside dans la tradition des bacha posh, qui permettra à la jeune Rahima de se travestir jusqu'à ce qu'elle soit en âge de se marier. Elle jouit alors d'une liberté qui va la transformer à jamais, comme le fit, un siècle plus tôt, son ancêtre Shekiba. Les destinées de ces deux femmes se font écho, et permettent une exploration captivante de la condition féminine en Afghanistan.

 

 

Ce roman nous raconte les rêves (tellement souvent bafoués et déçus) et les combats des femmes afghanes d'hier et d'aujourd'hui. Et que ce soit à notre époque ou il y a 100 ans, les choses n'ont pas beaucoup changé : le poids des traditions est étouffant, et le statut de la femme est proche du néant. Considérées comme du bétail, données, vendues, échangées, offertes, esclaves, elles doivent supporter les mariages arrangés, baisser le regard, parler à voix basse ou mieux, se taire, devenir invisibles, et obéir à ces hommes dont elles sont entièrement à la merci. Puis surtout leur donner des fils, beaucoup de fils, seule façon d'obtenir un (tout petit) peu de respect de la part de ces hommes souvent brutaux et égoïstes.

 

Du côté des personnages, quelques unes forcent le respect par leurs petites et grandes rébellions, comme l'inimitable Khala Shaima, la douce Djamila ou l'irrévérencieuse Zamarud ; et d'autres nous hérissent le poil, comme les imbuvables belles-mères Bobo Shagul et Bibi Gulalai à qui on souhaite de vivre les pires tourments.

 

L'écriture est très simple et fluide, rendant ce roman accessible à tous les lecteurs et l'auteure fait le choix de rester dans la réserve, préférant suggérer les horreurs que nous les décrire dans le détail. Ce sont 600 pages qui se lisent d'une traite tant on tremble pour toutes ces femmes et tant on a envie de connaître l'issue des destins de Rahima et de Shekiba, les 2 héroïnes de cette histoire.

 

 

En bref, émotions et dépaysement garantis.

 

 

Ma note : 4 b pn

 

 

 

 

D'autres avis : un roman décevant et sans style pour Mybooksaremyhome ICI, un roman fabuleux pour Stephanie-Plaisir-de-Lire ICI, un coup de coeur pour Pretty Books ICI, et une lecture dramatiquement belle pour Lelf ICI.

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27 juillet 2016 3 27 /07 /juillet /2016 14:27

 

 

 

 

Résumé : On me dit que ma mémoire ne sera plus jamais la même, que je vais commencer à oublier des choses. Au début juste quelques-unes, mais ensuite beaucoup plus. Alors je t’écris, cher futur moi, pour que tu te souviennes ! Sam a toujours eu un plan : sortir première du lycée et filer vivre à New York. Rien ne l’en empêchera – pas même une anomalie génétique rare qui, lentement, va commencer à lui voler ses souvenirs, puis sa santé. Désormais, ce qu’il lui faut, c’est un nouveau plan. C’est ainsi que naît son journal : ce sont les notes qu’elle s’envoie à elle-même dans le futur, la trace des heures, petites et grandes, qu’elle vit. C’est là qu’elle consignera chaque détail proche de la perfection de son premier rendez-vous avec son amour de toujours, Stuart. Le but ? Contre toute attente, contre vents et marées : ne rien oublier. Au détour des pages de The Memory Book, mélange étonnant d’extraits de son journal, de notes personnelles et de messages de son entourage, vous ne pourrez que tomber amoureux de Sam, une fille comme aucune autre qui apprend à vivre sa vie à pleines dents, même si ce n’est pas celle qu’elle avait planifiée.

 

 

 

"The Memory Book" est un roman Young Adult publié chez Lumen. J'en attendais beaucoup au vu de son résumé et je n'ai pas du tout été déçue !

 

Même si les débuts furent un peu longs/lents, après une centaine de pages, j'étais tout à fait entrée dans cette histoire aux côtés de Samantha. Tout d'abord grâce à la narration sous forme de journal, puisque Sam décide de coucher sur le papier tout son quotidien à l'adresse de la future Sam qui risque un jour d'oublier toute sa vie. Mais surtout grâce aux personnages très attachants. Sammie, évidement, une héroïne plutôt originale et handicapée des codes sociaux , puis Stuart, l'amoureux prévenant qu'on a toutes envie d'avoir, ou encore Cooper, l'ami d'enfance, mon chouchou.

 

J'ai refermé ce livre les yeux remplis de larmes car il est vraiment difficile de ne pas être chamboulée devant l'histoire de Samantha qui doit faire face à une maladie dégénérative rare et fatale, qui lui cause des pertes de mémoire, des crise de démence passagère ou de véritables black-out aussi tristes qu'effrayants. Mais j'avais aussi le sourire skotché aux lèvres devant la naissance de cette jolie histoire d'amour toute choupi, et j'ai ri plus souvent qu'à mon tour, comme avec Francis le Bouc, ou avec "Le couillon est prié de se présenter à l'accueil".

 

Mon seul bémol est le triangle amoureux (et sa résolution) que j'ai trouvé totalement inutile. Mais il en aurait fallu vraiment davantage pour me gâcher cette lecture pleine d'émotions, qui m'a parfois rappelé les histoires et le ton de John Green.

 

En bref, un Young Adult aussi réussi que touchant.

 

 

 

Ma note : 4 b pn

 

 

D'autres avis : Justine a adoré ICI, Phebusa n'a pas du tout été convaincue ICI, un énorme coup de coeur pour ALittleMatterWhathever ICI, cliché et déjà vu pour ChasingBook ICI, Léa Touch Book a beaucoup aimé ICI, et un coup de coeur pour L'envol des mots ICI.

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17 mai 2016 2 17 /05 /mai /2016 15:17

 

 

 

 

Résumé : Élisabeth, Lou et la petite Laura forment avec leurs parents une famille unie et joyeuse. Jusqu'au jour ou Éli part passer le week-end chez une amie et ne revient pas. Bloquée par le silence des adultes, Lou n'ose pas poser de questions. Le corps pressent ce que l'esprit refuse d'accepter, mais admettre qu'Éli est morte serait plus terrible encore que ce mutisme qui, peu à peu, empoisonne tout. C'est sur cet événement que Lou revient à la veille de ses 16 ans...

 

La quatrième de couverture promet "un roman lumineux, aussi fort que pudique et dont on ressort chaviré d'émotion". Rien que ça... Et que dire sinon que c'est exactement cela que nous offre Marie-Claude Vincent avec ce magnifique roman.

 

Durant l'été de ses 12 ans, Lou perd (et ce mot a toute son importance) brutalement sa grande soeur Éli. Lou n'arrive pas à comprendre ni à accepter cette disparition. Elle décide alors de conjurer le sort à coups de croix-barrés épuisants, à coups de cahiers bleus et rouges "pour que tu sois au courant de tout quand tu reviendras", à coups de listes dont elle finit par devenir prisonnière. Elle se refugie dans le conditionnel "Et si, et si, et si"... 8 mois de déni, une petite éternité quand on a 12 ans.

 

Une place à table, des chaussures, une voix, un flacon d'Amor Amor, un anneau de serviette : des petits bouts d'Éli disparaissent petit à petit ; et Lou avance à tâtons dans l'épaisseur et l'immensité du silence, engloutie toute entière par le vide qu'a laissé sa soeur. Un véritable crève-coeur.

 

L'écriture est particulière, comme tout droit sortie de la bouche de Lou, elle est épurée et sobre, mais très évocatrice. Rarement un roman aura si bien réussi à faire résonner avec autant de justesse la voix d'une héroïne entre deux âges, plus tout à fait enfant, et pas encore adolescente. Pas un mot de trop ni de trop peu. Et tout en délicatesse.

 

Mention spéciale au 3ème chapitre "Le décompte" que j'ai trouvé très fort dans sa réflexion... et qui m'a totalement chamboulée.

 

 

En bref, un roman intense.

 

 

Ma note : 4 b pn

 

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14 mars 2016 1 14 /03 /mars /2016 15:15

 

 

 

Résumé : Adolescent atteint du syndrome d’Asperger, Jacob Hunt ne possède pas le mode d’emploi pour communiquer avec les autres. Enfermé dans sa bulle, il est pourtant d’une intelligence prodigieuse. Un sujet le passionne plus que tout : la criminalistique. Il parvient souvent à se rendre sur des scènes de crime, où il ne peut s’empêcher d’expliquer aux policiers comment faire leur travail. En général, il tombe juste. Mais lorsqu’un assassinat se produit dans le quartier, l’attitude de Jacob est un signe flagrant de culpabilité pour la police. Pour la mère et le frère de Jacob, l’intolérance et l’incompréhension qui ont toujours menacé leur famille ressurgissent brutalement. Et cette question lancinante, qui ne laisse pas leur âme en paix… Jacob a-t-il, oui ou non, commis ce meurtre ? 

 

 

 

Que dire sur la lecture de ce pavé roman de 600 pages, sinon que je l'ai adoré du premier au dernier mot. C'est la première fois que je lisais Jodi Picoult et c'est loin d'être la dernière !

 

En fait, je trouve que TOUT est réussi dans ce roman, absolument tout : la plume est aussi agréable qu'efficace et ça se dévore, les personnages sont vraiment très (très très très) attachants et leurs portraits méticuleusement brossés suscitent un sentiment  d'appartenance à leur famille, l'humour et la justesse des émotions sont de mises, la partie "thriller" et suspense est bien fichue, les narrateurs multiples sont une vraie richesse, et cerise sur le gâteau, le traitement du thème du syndrome d'Asperger est non seulement hyper crédible mais c'est surtout tout à fait pas-sion-nant. Certainement grâce à un travail de recherche très poussé sur le sujet par l'auteure !

 

En effet, dans ce roman, on tombe très vite sous le charme de Jacob, Asperger certes, mais tellement plus que cela. Oui, chaque jour de la semaine est obligatoirement associé à un code couleur culinaire, oui il répond aux questions avec des répliques cultes du cinéma, oui il déteste les chiffres pairs, l'orange et les imprévus, oui les codes sociaux sont du charabia pour lui, oui il est obsédé par les projections de sang et indices de scènes de crime, oui il manque parfois d'empathie... mais il est surtout lui. Quelle belle personnalité, quel humour et quelle lucidité. Il m'a émue, il m'a beaucoup faire rire (sa façon de prendre les expressions au pied de la lettre est juste irrésistible), et il entre sans aucun doute dans la catégorie des personnages que je n'oublierai jamais. Tout comme sa maman et son frère.

 

Mon seul bémol est le dénouement... bien trop expédié à mon goût (surtout en regard des 600 pages).

 

 

En bref, j'ai adoré et je vous le recommande très chaudement.

 

 

Ma note :

 

 

Et puis parce qu'aujourd'hui c'est lundi, voici pour toi, Jacob :

 

  

 

 

 

A déguster en écoutant ceci évidemment :

.

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23 janvier 2016 6 23 /01 /janvier /2016 18:14

 

 

 

 

 

Résumé : Il était une fois un homme qui rangeait ses souvenirs dans des bocaux. Chaque caillou qu’il y dépose correspond à un évènement de sa vie. Deux vacanciers, réfugiés pour l’été au fond d’une vallée, le rencontrent  par hasard. Rapidement des liens d’amitiés se tissent au fur et à mesure que Florin puise ses petits cailloux dans les bocaux. À Margaux, l’adolescente éprise de poésie et à Pascal le professeur revenu de tout, il raconte. L’histoire du village noyé de pluie pendant des années, celle du potier qui voulait retrouver la voix de Clovis dans un vase, celle de la piscine transformée en potager ou encore des pieds nickelés qui se servaient d’un cimetière pour trafiquer.

 

 

 

C'est dans le cadre des matchs de la rentrée littéraire de Priceminister que j'ai eu l'occasion de recevoir ce roman. Et que dire sinon MERCI Priceminister et merci marraine Leiloona pour la découverte de cette petite pépite unique en son genre.

 

 

 

Ce roman commence comme ceci, car c'est ainsi que naissent les amitiés.

         

 

(le petit insecte volant qui ressemble à s'y méprendre à une abeille est censé être une luciole)

(je fais avec les moyens du bord)

 

 

Et à partir de là, vous êtes sous le charme de Florin et vous vous émerveillez, ou vous étonnez, devant les anecdotes incroyables (certaines historiques, d'autres personnelles) qu'il vous raconte. Je ne veux surtout pas déflorer le bonheur de cette découverte mais j'ai quand même envie de vous dire que vous aurez le privilège et le plaisir de croiser entre ces pages : un cave(au) de Pomerol et de Saint-Émilion, un potier polyglotte féru d'archéo-acoustique, des bougies très particulières, Pacman et Sysiphe, un avocat qui use avec talent de son barreau, une piscine-potager, une partie de cartes de 3 jours, une leçon de conduite épique, une pluie qui dure 12 ans, un petit "ù" très pugnace, du trafic d'organes artificiels, et même Jorge Luis Borgès.

 

Le ton est léger, mais loin d'être dénué de profondeur, surtout quand on se met à réfléchir avec les héros au temps qui passe. Puis ça déborde de bonne humeur, de peps et d'optimisme. Ajoutez à cela ces anecdotes aussi cocasses qu'incongrues, et vous tenez entre les mains un petit roman tout à fait inimitable qui ne pourra vous arracher qu'un tas de sourires (et aussi quelques larmes peut-être).

 

Les 3 héros sont très attachants, mais forcément, c'est surtout Florin qu'on a envie de rencontrer en vrai, car sous ses airs de vieil ours bourru se cache un personnage unique, riche et enrichissant, pince-sans-rire, et rayonnant. Magnétique. On est pendu à ses lèvres, on boit ses paroles, et on a envie que ça ne s'arrête jamais. Un régal.

 

 

En bref, un feel-good book que je vous recommande ! Merci Pierre Raufast pour cette parenthèse enchantée.

 

 

 

 

Ma note : 4 b pn

 

 

Et parce qu'on nous a demandé d'être créatif, voici mon avis en smileys sur Twitter : ICI

 

 

 

Tenez, Florin, Margaux et Pascal, un petit caillou pour chacun d'entre vous,

en vous souhaitant que votre prochain souvenir soit mémorable.

 

 

 

 

 

"Les si sont des carrefours invisibles dont l'importance se manifeste trop tard"

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Le petit grain de sel de Cajou

http://yelims1.free.fr/Animaux/Animaux23.gifPour chaque livre sur lequel j'écris un billet, j'attribue une note de plaisir (ou déplaisir) de lecture.


1_b_pn.jpg = J'ai détesté http://smileys.sur-la-toile.com/repository/M%E9chant/fache-censure.gif
 2_b_pn.jpg= Je n'aime pas http://smileys.sur-la-toile.com/repository/Triste/tristounet.gif
 3 b pn = J'ai apprécié mais... http://smileys.sur-la-toile.com/repository/Content/smile.png
4_b_pn.jpg = J'aime http://smileys.sur-la-toile.com/repository/Amour/0060.gif
 5_b_pn.jpg= J'adore !  http://smileys.sur-la-toile.com/repository/Respect/respect1.gif 

= Coup de coeur !

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