Comme vous l’avez vu il y a quelques jours, j’ai été gâtée par Elise lors du Swap « Fais-moi frémir » et comme annoncé, je n’ai pas résisté bien longtemps ! Comme Elise avait l’air d’avoir beaucoup apprécié la lecture de « La petite fille au bout du chemin » de Laird Koenig (auteur inconnu à cette adresse), c’est par celui-ci que j’ai choisi de commencer.
Avant toute chose, laissez-moi vous dire de ne pas vous laisser effrayer par la couverture hideuse du Livre de Poche (que je n’ai pas mise dans mon billet, tant elle est laide), car derrière cette horreur, se cache un savoureux thriller !
Une maison isolée, près de la plage de Long Island, aux Etats-Unis. Une petite Anglaise y vit seule avec son père. Elle s'appelle Rynn. Elle a treize ans. Liszt, des volumes de vers, des arbres dénudés, le vent, une souris blanche, un feu de bois... c'est tout son univers. Pourquoi Rynn ne va-t-elle pas à l'école ? Pourquoi son père est-il si souvent absent ? Pourquoi regarde-t-elle toujours par la fenêtre ? Rynn n'aime pas qu'on lui pose des questions. Pour se défendre contre l'indiscrétion, l'hostilité, l'incompréhension des adultes, elle doit lutter avec ses propres armes...
Je pense que l’on peut qualifier ce roman de thriller vu la tension qui s’en dégage. Cependant, point de tueur en série (enfin, pas au sens strict du terme), pas d’agents de police spéciaux du FBI (enfin, pas vraiment en tout cas), pas de sang qui gicle, etc. Ici, il s’agit plutôt d’un thriller psychologique. Miam ! L’histoire commence dans une maison isolée, le dernier jour d’octobre (c’est de saison !). Rynn, une jeune fille de 13 ans, est en train de préparer son gâteau d’anniversaire, au coin d’un feu de cheminée, sur un parquet fraîchement ciré et briqué, en écoutant, au volume maximum, le Concerto pour Piano n°1 de Liszt. L’ambiance est plantée, mystérieuse et pesante.
Comme le résumé vous le dit, Rynn semble avoir des choses à cacher : elle est très mystérieuse, elle semble exécrer le contact avec tout autre être humain que son père, un poète, à qui elle voue une grande admiration.
Tout à tour, dans de petits chapitres de quelques pages, nous allons en apprendre plus sur ce père, souvent absent, sur Rynn mais aussi sur d’autres habitants du village. Ce qui me permet de souligner, dès à présent, la très grande qualité des personnages de ce roman. Malgré les 216 pages, j’ai trouvé tous les personnages denses, très bien brossés, profonds, avec une réelle identité et personnalité. Pas de faire-valoir, pas de bouche-trou, mais de vrais personnages, qui prennent corps au fil des pages.
Quant à Rynn, c’est une héroïne tellement insolite : tout à tour petite fille fragile, adolescente insolente, femme forte, maîtresse de maison ou encore amoureuse transie… elle m’a réellement époustouflée ! Cette petite Anglaise, pleine de manières, au milieu de ces Américains un peu caricaturaux donne naissance à des scènes décalées et parfois pleines de truculence.
Une autre force de ce roman réside dans certains chapitres qui mettent en scène Rynn en face à face avec un personnage. Par exemple, avec l’abominable Mrs. Hallet, puis avec l’agent Miglioriti ou encore avec Mario le Magicien. Ces scènes sont sacrément bien construites, avec des descriptions courtes mais efficaces, qui rendent ces instants très visuels et dynamiques ; le tout souligné par des dialogues on ne peut plus savoureux où Rynn nous dévoile, pas à pas, sa personnalité. Je me suis vraiment régalée dans ces face à face successifs !
Je dois quand même dire que j’ai trouvé que l’intrigue souffrait de quelques incohérences, et que tout ne m’a pas toujours semblé plausible. De plus, il y a parfois de petits temps morts, qui ne durent heureusement jamais plus de quelques pages. Mais l’histoire est tellement différente, et tellement hors du commun, qu’au final, peu importe !
Je dois aussi avouer que, même si je ne pense pas être prude, le fait que Rynn ait 13 ans m’a pour le moins étonnée et parfois même un peu gênée… car c’est encore une fillette… ce qui rend plusieurs scènes un peu malsaines… néanmoins, cela participe à l’atmosphère du roman et à la construction du personnage de Rynn.
Voilà donc un roman que j’ai trouvé tout à fait étonnant et atypique. J’ai ressenti de l’angoisse d’un bout à l’autre, crescendo, puis j’ai ri, j’ai sursauté, j’ai souri, j’ai été interloquée… vraiment un thriller que j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir et différent de ce que j’ai pu lire auparavant.
Ma note :
En préparant ce billet, j’ai découvert
qu’une adaptation cinématographique avait été réalisée, à la fin des années 1970, avec Jodie Foster dans le rôle de Rynn et
Martin Sheen dans celui de Mr. Hallet. Je vais essayer de me le procurer, car j’ai vraiment très envie de le voir ! En outre, je trouve
le choix de l’actrice on ne peut plus pertinent.
Voici le début du film (qui est disponible en intégralité en VO sur YouTube) :