Comme prévu, beaucoup moins de temps libre pour la lecture, pour cause de rentrée (scolaire, pas littéraire). Mais je viens enfin de refermer la dernière page de « Bye Bye Blondie », de Virginie Despentes. Même si c’est surtout pour sa couverture intrigante que je l’avais acheté, j’en avais également entendu beaucoup de bien. Et, en effet, c’est une histoire que j’ai vraiment aimé découvrir.... ou vivre plutôt !
"Bye Bye Blondie" en quelques mots : Gloria a été internée en hôpital psychiatrique. Contre toute attente, la punkette « prolo » y a rencontré Éric, un fils de bourgeois aussi infréquentable qu’elle ; ils se sont aimés comme on s’aime à seize ans. Puis la vie, autant que les contraintes sociales, les a séparés. Vingt ans après, à nouveau, leurs chemins se croisent…
Virginie Despentes nous dresse le portrait de Gloria, une femme blessée aux prises avec ses démons. Portrait insolite, tant par son
contenu que par son style. C’est d’ailleurs par cet aspect que je vais commencer. Pas mal de lecteurs sont insensibles –voire allergiques-
au style de Despentes. Il est, en effet, très particulier : haché, cru, violent, brut… une langue brisée, tout comme l’héroïne dont nous partageons la vie durant ces 250 pages. C’est aussi parfois
vulgaire (Virginie Despentes aime choquer avec ses « fourrer » ou autres « défoncer » et « baiser ») mais c’est tellement à propos pour
parler de Gloria… Et, à vrai dire, je ne vois pas comment le style pourrait être différent pour nous la décrire… histoire et langue -toutes deux violentes- ne font qu’un dans ce roman, et c’est certainement ce qui le rend aussi fort.
Pendant les 50 premières pages, on suit Gloria, à notre époque, trentenaire perdue dans sa vie, cassée, brisée, à fleur de peau, ultra agressive et violente, et surtout très paumée. Puis elle croise, par hasard, Eric, un amour de jeunesse, qui la replonge dans ses souvenirs et ses démons. S’en suit alors un long flash-back en 1986, quand elle avait 15 ans, qui nous éclaire sur les raisons du fiasco de sa vie, entre séjour en Hôpital Psychiatrique (des pages très fortes... "Comme s'il y avait des limites à la saloperie des dominants", comme le dit si bien Gloria), fugues, 400 coups, SDF, musique Punk Rock, petits larcins, Sex, Drugs and Rock&Roll.
Le personnage fort de ce roman, c’est bien sûr Gloria, tantôt exaspérante au possible, tantôt tout aussi attachante. Elle est blessée, enragée, abandonnée, sauvage… et tellement givrée. Elle toute entière habitée par la fureur et la douleur… Je l’ai trouvée poignante et j’ai aimé cette ambivalence de sentiments qui faisait que parfois, j’avais autant envie de lui mettre une paire de gifles afin de la faire taire que de la prendre dans mes bras, pour atténuer quelque peu sa souffrance.
C’est une histoire à la fois trash et romantique, pleine de désespoir mais toujours avec une lueur d’espoir et qui mêle sans cesse la beauté et la laideur, des personnages, mais surtout de notre monde.
C’était mon premier roman de Virginie Despentes, mais ça ne devrait pas être le dernier !
Ma note :
Sachez également que Virginie Despentes a adapté ce roman au cinéma et que les deux rôles principaux sont tenus par la sublime Emmanuelle Béart et la sulfureuse Béatrice Dalle (en effet, le rôle d’Eric a été remplacé par celui de Francès, une femme). Le tournage a commencé au début de l’été donc à voir bientôt sur nos écrans !