Résumé : Leur heure venue, bien peu sont ceux qui peuvent échapper à la Mort. Et, parmi eux, plus rares encore, ceux qui réussissent à éveiller Sa curiosité. Liesel Meminger y est parvenue. Trois fois cette fillette a croisé la Mort et trois fois la Mort s'est arrêtée. Est-ce son destin d'orpheline dans l'Allemagne nazie qui lui a valu cet intérêt inhabituel ou bien sa force extraordinaire face aux événements ? A moins que ce ne soit son secret... Celui qui l'a aidée à survivre. Celui qui a même inspiré à la Mort ce si joli surnom : la Voleuse de livres...
Jésus, Marie, Joseph (j’emprunte ces mots à l’héroïne), quelle lecture ! Une histoire dramatique, intense, et tout à fait atypique.
Que dire ? Que dire ? Que dire ? Je ressors émue de cette lecture et il y a fort à parier que cette petite Liesel restera pour très longtemps au creux de ma mémoire et de mon cœur
Ce roman est original à plus d’un titre : tout d’abord, la narratrice n’est autre que la Mort, en personne. De plus, même si ce roman a un cadre plutôt courant en littérature – la seconde guerre mondiale - cette fois, c’est du côté des Allemands et des Nazis que nous nous trouvons : croix gammées, Mein Kampf, propagande, autodafés, Jeunesses Hitlériennes, déportation des Juifs… tout cela vu du côté des « méchants ».
Cette lecture m’a pris pas mal de temps, pour deux raisons : d’une part, parce que j’ai manqué de temps libre mais surtout parce que j’ai trouvé le début de ce roman très lent, et que je n’arrivais pas à avancer à cause de cette lenteur. 250 pages avec une impression mitigée donc.
Néanmoins, j’ai bien fait de persévérer parce que cette lenteur est indispensable. Vitale.
Grâce à elle, l’auteur nous décrit ses personnages avec une profondeur que je n'ai pas souvent rencontré en littérature. Sincèrement, j’ai beau réfléchir, je ne me souviens pas avoir eu l’impression de connaitre aussi bien des personnages durant une lecture. Ils ont réellement pris vie devant mes yeux. Ensuite, dans la seconde partie du roman, les péripéties s’accélèrent et les événements n’en deviennent que plus forts. Bouleversants même. Car quand on s’est autant attaché à des personnages et que l’horreur frappe à leur porte, cela ne peut se terminer que dans les larmes
Il y a tellement de force dans ce roman que si je voulais vous parler de tout, ce serait beaucoup trop long et je vais donc m’échiner à être succincte (mais pas trop, hein ! ).
Commençons avec les mots, car ils sont au centre de cette histoire : des livres aux titres évocateurs, des histoires, l’alphabet au milieu de la nuit, des insultes qui nous énervent par leur omniprésence mais dont, très vite, on ne peut plus se passer (Saumensch ! Saukerl !)… des mots qui nouent des liens, des mots qui éveillent, d’autres qui condamnent ou qui tuent et enfin ceux qui sauvent.
Du côté de l’écriture, il faut s’adapter, au début, aux interventions de la Mort dans ce récit mais on s’y fait très vite. De plus, sa façon de s’exprimer est vraiment savoureuse : les mots ont des gouts, les couleurs ont des odeurs, les âmes qui rendent leur dernier souffle ont des couleurs… un petit concentré de poésie au milieu des horreurs de cette dramatique période.
Il me faut quand même émettre un second bémol (en plus de celui de la lenteur du début), qui est que, plusieurs fois, j’ai eu envie de baffer la Mort ! En effet, elle nous explique que pour elle, le suspense ne sert à rien et que donc elle préfère nous prévenir des événements à venir. C’est ainsi qu'à plusieurs reprises, on apprend ce qu’il va advenir des personnages des dizaines (centaines) de pages à l’avance. Alors, La Mort, ok, c’est sympa de te découvrir en narratrice, douée de compassion et d’affection, mais quand même, chez nous, sur Terre, on aime le suspense ! Tiens-le toi pour dit !
Venons-en au sel de ce roman : Liesel, l’héroïne… elle est… tellement attachante. Curieuse, dégourdie, forte, blessée, bienveillante, aimante, pourchassée par le sort, drôle, émouvante, impertinente… et encore tellement d’autres choses. Il faut que vous la rencontriez !
En fait, tous les personnages que nous rencontrons sont forts. Mais ce qui est encore plus remarquable, ce sont les relations qui nous sont dépeintes dans ce roman. Des relations uniques. Il y a la relation entre Liesel et son papa d’adoption, Hans… un amour puissant, réciproque et inconditionnel. L’essence même de la complicité. Mais il y a également la relation avec son dragon de belle-mère, Rosa qui se nuance au fil des pages pour devenir tellement attendrissante. Celle entre Liesel et Rudy est adorable mais tellement profonde. Puis deux rencontres essentielles, celle avec Max, qui changera tout, et celle avec l'énigmatique Ilsa, tellement émouvante.
La fin est forte et intense. J’imagine que peu de lecteurs sauront rester de marbre, car même la Mort ne semble pas en mener large ...
Voilà, en quelques mots donc, il y a un risque que vous ne trouviez pas grand intérêt à ce roman dans son premier tiers à cause de sa lenteur mais les sentiments et les émotions deviennent tellement riches par la suite que ce serait dommage de passer à côté. Une histoire terrible et étincelante à la fois.
Ma note :
Ce que mes co-lectrices en ont pensé : Frankie, Angelebb, Aidoku, Stellade, Meldc, Gr3nouille, Delcyfaro, PetiteMarie, Lizi, Morgouille.