Résumé : Lydia Lee, seize ans, est morte. Mais sa famille l’ignore encore… Sa mère, Marylin, femme au foyer, rêve que sa fille fasse les études de médecine qu’elle n’a pas pu accomplir. Son père, James, professeur d’université d’origine chinoise, a tant souffert de sa différence qu’il a hâte de la retrouver parfaitement intégrée sur le campus. Mais le corps de Lydia gît au fond d’un lac. Accident, meurtre ou suicide ? Lorsque l’adolescente est retrouvée, la famille Lee, en apparence si soudée, va devoir affronter ses secrets les mieux gardés. Des secrets si longtemps enfouis qu’au fil du temps ils ont imperceptiblement éloigné ses membres, creusant des failles qui ne pourront sans doute jamais être comblées.
La quatrième de couverture soulignait le suspense d'une rare efficacité de ce roman. Or pour moi, ce n'est pas là le plus grand atout de cette histoire. En effet, ne vous attendez pas à une enquête policière ou à un suspense insoutenable, car avant la résolution du mystère de la mort de Lydia, c'est surtout la peinture des portraits de son entourage qui est realisée avec brio dans une narration très intelligente.
Plutôt que de nous décrire les personnalités des protagonistes, James, Marilyn, Lydia, Nate et Hannah, l'auteur nous raconte des épisodes de leur passé qui, au fil des pages, leur donnent une réelle épaisseur et éclairent leurs réactions, créant ainsi un sentiment d'étouffement et de malaise (parfois profond) face au fonctionnement de cette famille.
La difficulté de communication et d'intégration, le poids de la famille et du passé, le malaise de l'adolescence sont autant de thèmes abordés avec talent par Céleste Ng. J'ai également particulièrement apprécié cette double immersion dans les années 1950 et les années 1970, avec en filigrane, cette réflexion très intéressante sur le petit racisme ordinaire, à l'encontre des femmes et/ou des personnes d'origine étrangère.
Un dernier mot encore sur l'émotion provoquée par certaines scènes, dures et touchantes : en quelques mots, l'auteur nous montre les dégâts que peuvent causer les inégalité d'affection entre plusieurs enfants, certains devenant presque transparents voire invisibles ; et les conséquences terribles que peuvent avoir les aspirations des parents (nées de leurs rêves inaboutis et de leurs frustrations) pour leur progéniture.
En bref, un très bon roman !
Ma note :