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Résumé : Qu'est-ce qu'elle peut bien y comprendre, Annette, à ces rendez-vous du mercredi après-midi, à l'abri des regards indiscrets, chaperonnée par des bonnes soeurs au regard doux et préoccupé ? Peut-être que si elle ne s'appelait pas en réalité Hanna, peut-être que si elle n'était pas juive, la fillette pourrait voir ses parents autrement qu'en catimini... Le peuple de Liège a beau renâcler devant la rigueur des lois antijuives, les rues de la ville, hérissées de chausse-trapes, n'en demeurent pas moins dangereuses. Un homme, en particulier, informateur zélé de l'occupant allemand hantant les bas-fonds de la cité, exilerait volontiers les parents d'Hanna vers des cieux moins cléments. Mais la trahison ne vient pas toujours du camp que l'on croit…
« Dans la Gueule de la Bête » (Editions Robert Laffont) est un roman inspiré de faits réels, dans lequel Armel Job nous présente des gens ordinaires confrontés à une situation extraordinaire, celle de l’Occupation allemande durant la Seconde Guerre Mondiale. Et à travers l’histoire de Fannia, Volko, Hanna, et les autres, il nous montre l’infime frontière entre le bien et le mal, ou entre un héros et un salaud. Et comme toujours, Armel Job dépeint les âmes humaines avec beaucoup de justesse, d’humanité et de lucidité.
Une fois de plus, j’ai été séduite par ses talents de conteur : dès les premières pages, grâce à une plume aussi simple que talentueuse, je me suis retrouvée au cœur de ma ville, Liège, et c’est avec plaisir que j’ai arpenté les quartiers si familiers d’Outremeuse, de la Place Cockerill, du Pont d’Amercoeur, de la rue Feronstrée ou encore de Seraing.
Le contexte historique est évidemment dramatique et tout le roman est empli de méfiance, de suspicion, et de trahison : des gens sur le qui-vive en permanence, et une angoisse très communicative quant au sort des différents protagonistes que l’on suit. Angoisse directement suivie par l'amertume, l'écoeurement et le dégoût quand une vie humaine ne vaut pas plus que 500 francs.
Certes il y a tous ces ignobles, ces mouchards, ces traîtres et ces collabos, ceux qui s’acharnent à exterminer des gens dont ils ne savent rien ; mais ce que je retiendrai surtout, ce sont les autres, ceux qui par un petit geste, un coup de main ou un grand sacrifice, se mettent en danger, pour ces mêmes gens qu’ils ne connaissent pas davantage, de façon désintéressée, et au péril de leur vie. Mention spéciale à l’adorable Mme Guichard et à son samedi comme hors du temps au milieu de la laideur du monde, et puis aussi aux Bonnes Sœurs de la Miséricorde, qui ont su faire battre mon cœur.
La fin fut un peu rapide à mon goût car je venais à peine de m’attacher réellement aux personnages que je devais déjà les quitter, de façon un peu abrupte, sur le Pont des Arches ou au détour du quai d’une gare.
C'est donc une lecture que je vous conseille si vous aimez les histoires qui ont lieu durant cette époque (je vous conseille également le précédent roman de l'auteur que j'avais beaucoup beaucoup aimé, "Loin des Mosquées" CLIC)
Ma note :