Grâce au site News Book et aux Editions Le Masque, j’ai eu la chance de découvrir ce premier roman de Megan Abbott (paru en 2005 aux USA) et je les remercie chaleureusement car il vaut le détour !
Nous sommes en 1950, dans la banlieue de Los Angeles. Lora, jeune enseignante, et son frère Bill vivent en harmonie dans la maison héritée de leurs parents. Un soir, une jolie inconnue a un accident de voiture. Bill, qui est policier, l’emmène à l’hôpital, en tombe amoureux et l’épouse 6 mois plus tard. Maîtresse de maison irréprochable, la belle Alice Steele cartonne dans la communauté avec ses barbecues du dimanche et tourne la tête de tous les hommes. Lora, contrainte de quitter la maison familiale au bénéfice du jeune couple, pressent chez elle une tension inexplicable et s’interroge : pourquoi son énigmatique belle-sœur est-elle si discrète lorsqu’on lui parle de sa vie passée ? Il y a forcément une face cachée de l’iceberg, encore que « iceberg » soit tout sauf le mot juste…
« Red Room Lounge » est un roman noir, comme on dit, qui m’a fait passer de très agréables, et intenses, heures de lecture. Son atout majeur est, me semble-t-il, la force de l’atmosphère que Megan Abbott arrive à créer au fil des pages. Ce n’est pas un thriller au sens strict, bien qu’il soit très addictif, c’est plutôt un roman psychologique, qui détaille avec beaucoup de talent les rapports humains. Les personnages sont dépeints avec une grande précision, et l’analyse des relations et sentiments est d’une subtilité remarquable.
On découvre toute l’histoire à travers les yeux de Lora, cette gentille enseignante bien sous tous rapports, qui va, peu à peu, perdre son innocence. Les débuts sont assez nébuleux, parce que le doute plane et le mystère est tel qu’on ignore où cette histoire va nous emmener mais très vite, on n’a qu’une hâte, en savoir plus, toujours plus, au sujet d’Alice Steele, aussi séduisante qu’inquiétante, qui attire les hommes, et les femmes, de façon magnétique. Elle va envahir et submerger la vie de son mari, elle va s’immiscer subrepticement entre Bill et Lora King, les frères et sœurs inséparables. Lora a de plus en plus de soupçons, et va constamment osciller entre fascination, jalousie et méfiance, nous emmenant avec elle dans ses doutes.
Dans son enquête, Lora va pénétrer dans un monde dangereux et noir, dont elle n’imaginait même pas l’existence et la
confrontation de ces deux mondes se révèle passionnante. Les deux femmes vont s’observer, se toiser et se jauger tout au long du roman et
l’on se demande sans cesse laquelle des deux l’emportera. Les autres personnages gravitant autour d’Alice et Lora sont tout aussi forts et ambigus et servent l’histoire à merveille, à commencer
par Loïs, personnage dramatiquement sombre. Et grâce à ces personnages, il y a des scènes fortes, où les dialogues sont efficaces, l’atmosphère tendue au plus haut point, électrique, et le tout est parfois d’une intensité rare.
Enigmatique, c’est certainement l’un des mots qui qualifie le mieux l’ambiance de ce roman : l’auteure nous livre les informations au compte-gouttes, ce qui ne fait qu’attiser la curiosité du lecteur face à tant de mystère. Et au fil des pages, le puzzle se forme petit à petit, nourrissant de plus en plus le désir brûlant et impatient de découvrir le fin mot de l’histoire.
J’étais partie pour le coup de cœur, j’y étais, j’y étais, j’y étais mais les 30 dernières pages clôturent l’histoire d’une façon qui, personnellement, ne me convainc pas. Ni bien, ni mal, c’est juste que je trouve que cette fin dénote par rapport à l’atmosphère intense dans laquelle j’ai baigné durant les quelques jours où j’ai lu ce roman.
A noter aussi : le titre français n’est pas particulièrement bien choisi et le titre original était bien plus fidèle à l’ambiance sombre : « Die A Little ».
Mais de manière générale : Dieu que c’était bon ! Bon ! Bon ! Divinement captivant (sauf la fin).
Ma note :
Et voici l'avis de Stéphanie-Plaisir-de-Lire qui a, elle aussi, beaucoup apprécié cette lecture et qui s'attarde sur d'autres aspects qui font la réussite de ce roman.