14 janvier 2012 6 14 /01 /janvier /2012 12:29

 

Grâce au site News Book et aux Editions Le Masque, j’ai eu la chance de découvrir ce premier roman de Megan Abbott (paru en 2005 aux USA) et je les remercie chaleureusement car il vaut le détour !


Nous sommes en 1950, dans la banlieue de Los Angeles. Lora, jeune enseignante, et son frère Bill vivent en harmonie dans la maison héritée de leurs parents. Un soir, une jolie inconnue a un accident de voiture. Bill, qui est policier, l’emmène à l’hôpital, en tombe amoureux et l’épouse 6 mois plus tard. Maîtresse de maison irréprochable, la belle Alice Steele cartonne dans la communauté avec ses barbecues du dimanche et tourne la tête de tous les hommes. Lora, contrainte de quitter la maison familiale au bénéfice du jeune couple, pressent chez elle une tension inexplicable et s’interroge : pourquoi son énigmatique belle-sœur est-elle si discrète lorsqu’on lui parle de sa vie passée ? Il y a forcément une face cachée de l’iceberg, encore que « iceberg » soit tout sauf le mot juste… 

 

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« Red Room Lounge » est un roman noir, comme on dit, qui m’a fait passer de très agréables, et intenses, heures de lecture. Son atout majeur est, me semble-t-il, la force de l’atmosphère que Megan Abbott arrive à créer au fil des pages. Ce n’est pas un thriller au sens strict, bien qu’il soit très addictif, c’est plutôt un roman psychologique, qui détaille avec beaucoup de talent les rapports humains. Les personnages sont dépeints avec une grande précision, et l’analyse des relations et sentiments est d’une subtilité remarquable.


On découvre toute l’histoire à travers les yeux de Lora, cette gentille enseignante bien sous tous rapports, qui va, peu à peu, perdre son innocence. Les débuts sont assez nébuleux, parce que le doute plane et le mystère est tel qu’on ignore où cette histoire va nous emmener mais très vite, on n’a qu’une hâte, en savoir plus, toujours plus, au sujet d’Alice Steele, aussi séduisante qu’inquiétante, qui attire les hommes, et les femmes, de façon magnétique. Elle va envahir et submerger la vie de son mari, elle va s’immiscer subrepticement entre Bill et Lora King, les frères et sœurs inséparables. Lora a de plus en plus de soupçons, et va constamment osciller entre fascination, jalousie et méfiance, nous emmenant avec elle dans ses doutes.


Dans son enquête, Lora va pénétrer dans un monde dangereux et noir, dont elle n’imaginait même pas l’existence et la confrontation de ces deux mondes se révèle passionnante. Les deux femmes vont s’observer, se toiser et se jauger tout au long du roman et l’on se demande sans cesse laquelle des deux l’emportera. Les autres personnages gravitant autour d’Alice et Lora sont tout aussi forts et ambigus et servent l’histoire à merveille, à commencer par Loïs, personnage dramatiquement sombre. Et grâce à ces personnages, il y a des scènes fortes, où les dialogues sont efficaces, l’atmosphère tendue au plus haut point, électrique, et le tout est parfois d’une intensité rare.


Enigmatique, c’est certainement l’un des mots qui qualifie le mieux l’ambiance de ce roman : l’auteure nous livre les informations au compte-gouttes, ce qui ne fait qu’attiser la curiosité du lecteur face à tant de mystère. Et au fil des pages, le puzzle se forme petit à petit, nourrissant de plus en plus le désir brûlant et impatient de découvrir le fin mot de l’histoire.


J’étais partie pour le coup de cœur, j’y étais, j’y étais, j’y étais mais les 30 dernières pages clôturent l’histoire d’une façon qui, personnellement, ne me convainc pas. Ni bien, ni mal, c’est juste que je trouve que cette fin dénote par rapport à l’atmosphère intense dans laquelle j’ai baigné durant les quelques jours où j’ai lu ce roman.


A noter aussi : le titre français n’est pas particulièrement bien choisi et le titre original était bien plus fidèle à l’ambiance sombre : « Die A Little ».


Mais de manière générale : Dieu que c’était bon ! Bon ! Bon ! Divinement captivant (sauf la fin).

 

Ma note : 4 b pn

 

 

Et voici l'avis de Stéphanie-Plaisir-de-Lire qui a, elle aussi, beaucoup apprécié cette lecture et qui s'attarde sur d'autres aspects qui font la réussite de ce roman.

 



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9 décembre 2011 5 09 /12 /décembre /2011 16:21

 

http://ecx.images-amazon.com/images/I/51k3V4agpVL._SS500_.jpg

 

Me voici avec un nouveau livre à vous présenter, un « beau livre », comme on dit mais qui mérite, en l’occurrence, plus que tout ce nom. Il s’agit de « Paris 1910-1940, une capitale au-dessus du volcan », aux Editions Nicolas Chaudun.

 

Ce livre offre à nos yeux une galerie de photographies, souvent inédites, issuse des archives de l’agence Roger-Viollet. Cette sélection de 200 portraits est présentée par Vincent Bouvet et, de la « Belle Epoque »  à l’Occupation, nous croisons ainsi les visages de tous les grands noms de ces « années folles » : Colette, Picasso, Louis-Ferdinand Céline, Danielle Darrieux, François Mauriac, Derain, Marcel Proust, Coco Chanel, Jean Marais, Mistinguett, Modigliani, Malraux, Aragon, Arletty, Joséphine Baker, Edith Piaf, Marcel Pagnol, Salvador Dali, Jean Cocteau, legroupe Dada, Claude Monet, Wassily Kandinsky, Maurice Chevalier, Antonin Artaud, Charles Trenet, Sacha Guitry, Marc Chagall, Prokofiev, Marguerite Yourcenar, Eluard, Fernandel et tant d’autres.

 

http://www.editions-nicolaschaudun.com/web/images/FO/LIVRES/102/Double_Page_1.png

 

Je l’ai reçu  grâce à Vincent, des Agents Littéraires, ainsi qu’aux Editions Nicolas Chaudun, que je remercie tous deux, pour cette découverte qui m’en a mis plein les mirettes !

 

http://4.bp.blogspot.com/-0KR2KRxavVM/TqiDvcxfI-I/AAAAAAAAAGU/WR8-x_OSsBI/s320/Les+Agents+Litt%25C3%25A9raires.bmp

 

J’ai pris beaucoup de plaisir à lire et à contempler cet ouvrage car il nous offre un voyage au cœur de Paris, de son histoire, de ses bouleversements, dans lequel les images ont autant d’importance que le texte.  Chaque photographie est ainsi accompagnée d’une légende courte mais riche d’informations.

 

Le livre est divisé en chapitres aux noms évocateurs : Salonnard et Rebelles, Modernité, Bohème, Scène, etc. Au début de chacun d'entre eux, une double page reprend quelques informations historiques sur la période et ensuite, nous avons le plaisir de découvrir tout cela en photographies. Des portraits de personnages illustres, restés dans la Postérité ou pas, ainsi que des photos de la Ville, avec ses rues, ses Halles, sa jeunesse, etc.

 

Il est difficile de vous parler de ce livre de façon succincte car l’envie est forte de commenter toutes les illustrations. Alors, j’ai choisi de relever quelques instantanés, parmi tant d’autres, qui ont attiré mon attention : les mains d’Auguste Renoir déformées par les rhumatismes (auxquelles il avait fait attacher ses pinceaux pour pouvoir continuer à peindre), l’atelier de Piet Mondrian (Waouh ! Il vivait littéralement DANS son œuvre), Sonia Delaunay drapée dans un tissu de sa création (je la connaissais pour ses peintures TourEiffelesques mais pas du tout pour son travail dans le monde de la mode), Louis-Ferdinand Céline devant la Maison de Zola (il a l’air si paisible et inoffensif… quelle contraste par rapport à ses écrits), Joséphine Baker, grimaçant devant une sublime voiture d’époque, La Ruche, une vieille bâtisse qui abritait les grands talents de la peinture et de la sculpture des années 30 (Autant la photo que le sujet sont à tomber... cf. juste en dessous pour la voir!), Modigliani et ses amis peintres plaisantant à la sortie du Métro… moi qui voue une passion inconditionnelle à Modigliani (sa vie et son œuvre), j’ai contemplé ces photographies prises sur le vif avec grand intérêt (et émotion), son ami Moïse Kisling, dans une sublimissime photo sur laquelle on le voit griffonner dans un carnet, avec la cigarette à la main, entouré de pinceaux et de son modèle nu, Edith Piaf, tellement plus belle que l’image que m’avait laissée le film « La Môme », les danseuses des Folies Bergères, seins nus parmi les plumes et paillettes, Jean Gabin en 1930, l’air ténébreux et déjà  l’aura du monstre sacré (à voir de lui toujours les mêmes photos, j’en avais presque oublié qu’il avait été jeune un jour), Pablo Picasso, assis sur son lit et tellement plus beau que ce physique « porcin » véhiculé par de nombreux films, et enfin, une merveilleuse photographie du bureau de Paul Valery, avec une bibliothèque pleine à craquer, dans un fouilli ordonné.


La Ruche, 1930

la-ruche.jpg

 

La partie que j’ai préférée, sans aucun doute, est celle consacrée à la Bohème,  l’époque du Bateau-Lavoir, là où l'on pouvait croiser, à Montmartre, Picasso, Modigliani, Soutine, Max Jacob, Apollinaire, et tant d’autres artistes, passionnés et habités par leur art… C’est une époque très chère à mon cœur (ma préférée ?) et tout ce que je n’avais pu qu’imaginer jusque-là, a littéralement pris vie sous mes yeux. Un régal !

 

En outre, autant pas mal de portraits sont surannés, notamment dans la pose et la mise en scène (ce qui fait tout leur charme et leur intérêt), autant j’ai été étonnée de la modernité de certaines photographies, qui pourraient tout à fait prendre place dans les revues actuelles de Mode, comme, par exemple, un sublime portrait de Tamara de Lempicka ou celui de la superbe Danielle Darrieux.


En deux mots, un ouvrage que vous recommande, tant pour les magnifiques portraits que pour la multitude d’anecdotes et d’informations sur l’époque, et qui fera, sans aucun doute, un très beau cadeau à déposer au pied du sapin pour tous les amateurs d’histoire et de photographie.

 


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1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 21:18

 

http://www.diasporamag.com/images/couverture-jude.r.jpg

 

Grâce au site News Book, que je remercie, j’ai eu la chance de recevoir en Partenariat le premier roman de Shaké Mouradian, « Jude R », paru ce 3 novembre, aux Editions XO. Particularité éditoriale : Mlle Mouradian a proposé son texte sur le site MyMajorCompagnyBooks (même principe que pour Grégoire et sa chanson « Toi+Moi ») et il a été plébiscité par suffisamment d’internautes que pour être édité !

 

Voici le résumé de la 4ème de couverture :  1970. Jude R. traverse les Etats-Unis d’Est en Ouest. Poursuivi par la haine d’individus vengeurs, il rencontre Lipi, une gamine de quinze ans aussi perdue que lui, ombrageuse et torturée, surnommée « la main d’or » pour sa chance insolente au poker. Commence alors une violente course-poursuite. Partout où le couple improbable passe, il laisse des morts derrière lui. Lipi s’attache malgré tout à ce drôle de personnage qu’est Jude R. alors même que la violence qui sommeillait en lui ne cesse de grandir...

 

 

Dès les premières pages, j’ai été emportée dans ma lecture. En effet, je me suis retrouvée propulsée dans les Etats-Unis des années 70 au volant d’une Chevrolet, dans la poussière rouge du désert ou au creux des montagnes bleues, ou encore accoudée au bar d’un de ces typiques « Diner » aux vieilles banquettes garnies de cuir rouge. Il faut le dire, cette jeune auteure a un talent certain pour créer une atmosphère. En outre, le plaisir n’en fut que plus fort quand j’ai retrouvé des petites touches à la Tarantino (Pulp Fiction, Reservoir Dogs) ou à la Oliver Stone (Tueurs Nés) tant dans l’intrigue que dans la façon d’être des personnages, tous plus barrés les uns que les autres.

 

On suit ainsi la course effrénée de Jude R à travers les Etats-Unis, qui se retrouve accompagné, malgré lui, de Lipi, cette jeune fille à la fois attachante et inquiétante. On voyage de la Virginie au Mexique, en passant par les routes de Caroline, d’Alabama, du Texas, du Colorado avec quelques escales à la Nouvelle-Orléans ou à Las Vegas, un vrai Road Book, émaillé de magnifiques paysages.

 

En outre, le roman se déroule en 1970 et est propulsé dans les événements historiques et dramatiques de l’époque : les agissements ignobles du Klu Klux Klan, l’assassinat de Martin Luther King et celui de Kennedy, auxquels Jude R. et tous les autres personnages sont liés de près ou de loin. J’ai vraiment apprécié ce mélange de réalité et de fiction !


Malheureusement, la passion des débuts s’est peu à peu engourdie au fil des pages. En effet, après une centaine de pages, dès que les pièces du puzzle ont commencé à s’imbriquer les unes avec les autres, j’ai trouvé de (trop) nombreuses facilités dans les rebondissements. Ces derniers semblent parfois mécaniques et ne sont pas toujours bien amenés et plusieurs événements m’ont donc paru artificiellement reliés entre eux, voire tirés par les cheveux. Selon moi, cela est du à un manque de transitions entre les événements, qui se limitent parfois à « Il arrive, il va le tuer, un autre surgit et se fait tuer à sa place car celui-là a déboulé au bout moment » raconté de façon à peine plus détaillée.

 

Un petit mot sur les personnages : il y a toute une série de rôles secondaires intéressants, qui semblent avoir une importance dans la vie de Jude R mais cependant on n’en apprend que très peu sur leurs motivations, ce qui rend parfois leurs actions peu compréhensibles ou artificielles. Mais il est vrai que l’on prend un réel plaisir à suivre les aventures des 2 héros : Jude Ray et Lipi sont des sortes de Bonnie and Clyde modernes (en moins intense), ils sont vraiment originaux, voire carrément siphonés. Néanmoins, j’ai un gout de trop peu au terme de ma lecture et il me reste beaucoup de questions en suspens sur leurs passés respectifs…

 

A ce propos, la fin m’a d’ailleurs laissée quelque peu dubitative… d’une part, elle est un peu précipitée et d’autre part, je ne comprends pas vraiment quel est l’intérêt de cette porte ouverte vers un futur que je trouve peu cohérent avec le reste des aventures…

 

Je terminerai par un mot sur le style de l’auteure, que j’ai trouvé très agréable à lire : la langue est habile, tantôt malmenée, tantôt poétique mais toujours dynamique, ce qui fait qu’il n’y a pas de temps-mort dans cette épopée… une plume au service de son histoire.

 

En bref : une lecture qui était donc partie sur les chapeaux de roue (je me suis vraiment régalée au début !) mais qui malheureusement s’est trop vite essoufflée à cause des incohérences, facilités et rapidités dans les enchainements et la construction parfois maladroite de l’intrigue et des personnages. Il n’empêche que c’est un livre qui se lit très vite et grâce auquel on passe un agréable moment.

 

Ma note : 3 b pn1 b pn

 

 

Et pour vous faire votre opinion, voici le billet de Plaisir de lire qui a été tout à fait séduite !

 

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3 novembre 2011 4 03 /11 /novembre /2011 08:00
 

 

Il y a quelques temps, je me suis inscrite sur le site "Les Agents Littéraires". Ce site a été créé en mars 2011, afin d'aider les livres des éditeurs indépendants et des auteurs auto-édités à se faire connaître grâce au Web. Il réunit aujourd’hui plus de 200 blogueurs contributeurs, pour une moyenne de 60 critiques publiées par mois. Si vous avez envie de participer à ce très joli projet, vous trouverez toutes les informations nécessaires par  ici. Je les remercie de la confiance témoignée en m'envoyant cet ouvrage.

 

http://www.les-agents-litteraires.fr/wp-content/uploads/2011/03/CaptureTitreNB1.png

 

Et donc, pour ce premier partenariat, j'ai reçu "Le roman de Djalil", de Djalil et Marie Hakem, récemment publié aux Editions L'Harmattan.

 

 

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Ce livre nous conte l’épopée d’un homme, rescapé de l’épouvantable génocide arménien : une page sombre de l’Histoire intimement liée au destin personnel de Djalil. Une vie frappée par l’horreur, qui nous éclaire sur la barbarie des peuples, les luttes de pouvoir au Proche-Orient, et sa propre ascension sociale, de Mardin, à Alep, en passant par Antioche, Beyrouth ou Damas. On entend dans ce roman une seconde voix, celle de Marie, sa fille, qui ponctue chaque étape du récit de son père, de ses commentaires, ses propres souvenirs d’enfance, ses questionnements sur ses propres blessures, sur ses racines, et sur son amour pour un père longtemps repoussé.

 

 

Si, comme moi, vous ne connaissez rien du Proche-Orient et que vous avez besoin d’aller voir une carte du monde pour pouvoir situer l’Arménie ou la Syrie, ne vous dites PAS que ce n’est pas un livre pour vous. D’une part, parce qu’il n’est rien de plus agréable que de découvrir l’Histoire à travers le témoignage d’un homme et, d’autre part, parce qu’il y est question de sujets bien plus universels que les éléments historiques (et dramatiques) à proprement parler. Ce livre nous parle de l’importance des racines, de l’enfance, du besoin (ou du refus) de transmettre ses expériences de vie, de l’incompréhension entre les générations, des non-dits, du besoin de reconnaissance, de la douleur et des regrets face à la perte d’un être cher… des sujets qui nous touchent tous, à un moment ou à un autre de notre vie.

 

 Ce livre est donc bien plus que le témoignage d’un militaire ayant vécu le génocide du peuple arménien, la guerre 40-45, les guerres d’Algérie et d’Indochine. C’est avant tout le témoignage d’un homme, malmené par le Destin, rêvant de concrétiser ses ambitions, et d’être enfin « reconnu », à force de travail et de pugnacité. En effet, Djalil n’est pas de ceux qui s’apitoient, qui attendent, qui espèrent ou qui se laissent vivre, il est de ceux qui passent leur vie à forcer le destin. Comme le dit si bien Marie, sa vie est un concentré d’émotions sur fond de guerre permanente. (p. 146).

 

Après une préface très émouvante, ce livre est divisé en 7 chapitres durant lesquels Djalil nous conte les événements, souvent dramatiques, qui ont marqué sa vie : le génocide arménien, l’exil, l’enfance et l’adolescence en Syrie, la formation militaire, les premières affectations militaires, le mariage dans un contexte politique très instable, le retour à son école militaire et enfin, l’exil forcé vers la France. A la fin de chacun des chapitres, c’est sa fille, Marie, qui prend la plume pour nous parler de ses propres souvenirs, ou éclairer sous un autre jour, les événements contés par son père. De plus, plusieurs chapitres sont illustrés par des photographies, qui permettent au lecteur d’être encore un peu plus proche des protagonistes.

 

http://img.over-blog.com/630x470-000000/4/97/14/81//Les-auteurs/Djalil-Hakem/a-Djalil-1922.jpg http://img.over-blog.com/630x470-000000/4/97/14/81//Les-auteurs/Djalil-Hakem/d-Djalil-Damas-1932.jpg http://img.over-blog.com/630x470-000000/4/97/14/81//Les-auteurs/Djalil-Hakem/e-Djalil-et-Antoinette-1938.jpg http://img.over-blog.com/630x470-000000/4/97/14/81//Les-auteurs/Djalil-Hakem/i-Djalil-1990-1.jpg http://img.over-blog.com/630x470-000000/4/97/14/81//Les-auteurs/Marie-Hakem/Marie-45-ans.jpg


           

 

 

 

 

Le premier chapitre est celui qui m’a le plus chamboulée… Tout d’abord, l’écriture est simple, sans fioritures, Djalil Hakem va droit au but, et grâce à cela, le lecteur est sans cesse bousculé, hébété même, sans avoir le temps de s’apitoyer, en pouvant juste écarquiller les yeux. Quelle douleur d’imaginer ce petit Djalil âgé de 8 ans, accompagné de ses frères et sœurs, orphelins et livrés à eux-mêmes au milieu de ce déchainement d’horreur et de cruauté sans nom… Qui peut sortir indemne de ces événements ? Personne, pas même le lecteur bien au chaud sous son toit. On ne peut qu’être bouleversé par cette enfance brisée, ainsi que par les mots de sa fille, Marie, en fin de chapitre, qui nous livre des réflexions très intimes et universelles à la fois. Et le professeur que je suis, est encore bouche bée, et écœurée, de la quasi inexistence historique (dans les manuels) de ce génocide arménien, pourtant tout aussi dramatique et révoltant que la Shoah.


            Heureusement, le climat devient moins dramatique dans le second livre et, je me suis vraiment attachée à Djalil et à ses grands-parents, surtout à Georges, cet homme si bon et si courageux, comme sortant des Contes des Mille et Une Nuits, avec ses deux poignards à lames recourbées. Djalil se révèle également être un enfant plein de ressources, faisant les 400 coups avec son grand frère, Hanna, pour tenter de subsister dans la misère en Syrie.


            Je ne vais pas vous dévoiler le contenu de chacun des chapitres mais sachez que de manière générale, j’ai été emportée par le récit de la vie mouvementée de Djalil et je l’ai découverte avec beaucoup de plaisir et de tristesse à la fois. Même si je dois quand même avouer que les chapitres présentant uniquement des histoires militaires et des faits d’armes m’ont beaucoup moins passionnée, voire un peu ennuyée.


            J’ajouterai également, du côté des bémols, qu’un détail m’a gênée, voire agacée à plusieurs reprises : en effet, à la lecture des « Livres de Marie », on prend connaissance d’événements qui ne seront dévoilés que bien plus tard dans « Les Livres de Djalil » et j’ai trouvé dommage de ne pas laisser Djalil nous faire découvrir lui-même les coups du destin, plutôt que de les voir résumés 100 pages plus tôt.


            Mais de manière générale, j’ai apprécié cette lecture : j’ai été émue par Djalil, touchée par Marie, et ma gorge s’est serrée à de nombreuses reprises. D’ailleurs, Djalil n’est pas mon père, je n’ai aucun lien avec lui, mais en refermant ce livre, j’ai éprouvé du réconfort en sachant que ses Mémoires étaient enfin publiées et accessibles à tous, et j’ai eu l’étrange sentiment du devoir accompli,… ce qui montre à quel point je me suis immergée dans sa vie.


            Djalil Hakem repose aujourd’hui, auprès de son épouse, dans le Var, loin de sa terre natale, exilé pour l’éternité. Si j’en avais l’occasion, j’irais me recueillir sur sa tombe et je lui dirais combien ses mots et ceux de sa fille, dont il peut être fier, ont su toucher la parfaite étrangère que je suis. Et j’espère que, de temps en temps, les vents de la Méditerranée, emmènent auprès lui les senteurs de l’Orient, si cher à son cœur.


            Quant à vous, Marie-Antoinette Hakem, vous pouvez être fière de votre prénom (ainsi que votre frère ,du sien), fière d’avoir publié ces Mémoires (il n’est jamais trop tard, jamais), et fière de votre papa, qui ne fut ni un homme ni un père parfait… mais qui peut se targuer de l’être ?

 



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2 novembre 2011 3 02 /11 /novembre /2011 10:00

 

 

http://www.le-livre.fr/photos/RO7/RO70078832.jpg

 

 

                Comme vous l’avez vu il y a quelques jours, j’ai été gâtée par Elise lors du Swap « Fais-moi frémir » et comme annoncé, je n’ai pas résisté bien longtemps ! Comme Elise avait l’air d’avoir beaucoup apprécié la lecture de « La petite fille au bout du chemin » de Laird Koenig (auteur inconnu à cette adresse), c’est par celui-ci que j’ai choisi de commencer.

 

                Avant toute chose, laissez-moi vous dire de ne pas vous laisser effrayer par la couverture hideuse du Livre de Poche (que je n’ai pas mise dans mon billet, tant elle est laide), car derrière cette horreur, se cache un savoureux thriller !

 

                Une maison isolée, près de la plage de Long Island, aux Etats-Unis. Une petite Anglaise y vit seule avec son père. Elle s'appelle Rynn. Elle a treize ans. Liszt, des volumes de vers, des arbres dénudés, le vent, une souris blanche, un feu de bois... c'est tout son univers. Pourquoi Rynn ne va-t-elle pas à l'école ? Pourquoi son père est-il si souvent absent ? Pourquoi regarde-t-elle toujours par la fenêtre ? Rynn n'aime pas qu'on lui pose des questions. Pour se défendre contre l'indiscrétion, l'hostilité, l'incompréhension des adultes, elle doit lutter avec ses propres armes...

 

 

                Je pense que l’on peut qualifier ce roman de thriller vu la tension qui s’en dégage. Cependant, point de tueur en série (enfin, pas au sens strict du terme), pas d’agents de police spéciaux du FBI (enfin, pas vraiment en tout cas), pas de sang qui gicle, etc. Ici, il s’agit plutôt d’un thriller psychologique. Miam ! L’histoire commence dans une maison isolée, le dernier jour d’octobre (c’est de saison !). Rynn, une jeune fille de 13 ans, est en train de préparer son gâteau d’anniversaire, au coin d’un feu de cheminée, sur un parquet fraîchement ciré et briqué, en écoutant, au volume maximum, le Concerto pour Piano n°1 de Liszt. L’ambiance est plantée, mystérieuse et pesante.

 

 

 


 

                Comme le résumé vous le dit, Rynn semble avoir des choses à cacher : elle est très mystérieuse, elle semble exécrer le contact avec tout autre être humain que son père, un poète, à qui elle voue une grande admiration.

 

                Tout à tour, dans de petits chapitres de quelques pages, nous allons en apprendre plus sur ce père, souvent absent, sur Rynn mais aussi sur d’autres habitants du village. Ce qui me permet de souligner, dès à présent, la très grande qualité des personnages de ce roman. Malgré les 216 pages, j’ai trouvé tous les personnages denses, très bien brossés, profonds, avec une réelle identité et personnalité. Pas de faire-valoir, pas de bouche-trou, mais de vrais personnages, qui prennent corps au fil des pages.

 

                Quant à Rynn, c’est une héroïne tellement insolite : tout à tour petite fille fragile, adolescente insolente, femme forte, maîtresse de maison ou encore amoureuse transie… elle m’a réellement époustouflée ! Cette petite Anglaise, pleine de manières, au milieu de ces Américains un peu caricaturaux donne naissance à des scènes décalées et parfois pleines de truculence.

 

                Une autre force de ce roman réside dans certains chapitres qui mettent en scène Rynn en face à face avec un personnage. Par exemple, avec l’abominable Mrs. Hallet, puis avec l’agent Miglioriti ou encore avec Mario le Magicien. Ces scènes sont sacrément bien construites, avec des descriptions courtes mais efficaces, qui rendent ces instants très visuels et dynamiques ; le tout souligné par des dialogues on ne peut plus savoureux où Rynn nous dévoile, pas à pas, sa personnalité. Je me suis vraiment régalée dans ces face à face successifs !

 

                Je dois quand même dire que j’ai trouvé que l’intrigue souffrait de quelques incohérences, et que tout ne m’a pas toujours semblé plausible. De plus, il y a parfois de petits temps morts, qui ne durent heureusement jamais plus de quelques pages. Mais l’histoire est tellement différente, et tellement hors du commun, qu’au final, peu importe !

 

                Je dois aussi avouer que, même si je ne pense pas être prude, le fait que Rynn ait 13 ans m’a pour le moins étonnée et parfois même un peu gênée… car c’est encore une fillette… ce qui rend plusieurs scènes un peu malsaines… néanmoins, cela participe à l’atmosphère du roman et à la construction du personnage de Rynn.

 

                Voilà donc un roman que j’ai trouvé tout à fait étonnant et atypique. J’ai ressenti de l’angoisse d’un bout à l’autre, crescendo, puis j’ai ri, j’ai sursauté, j’ai souri, j’ai été interloquée… vraiment un thriller que j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir et différent de ce que j’ai pu lire auparavant.

 


Ma note : 4 b pn


 

                En préparant ce billet, j’ai découvert qu’une adaptation cinématographique avait été réalisée, à la fin des années 1970, avec Jodie Foster dans le rôle de Rynn et Martin Sheen dans celui de Mr. Hallet. Je vais essayer de me le procurer, car j’ai vraiment très envie de le voir ! En outre, je trouve le choix de l’actrice on ne peut plus pertinent.

 

http://1.bp.blogspot.com/__fSnwCCIbLI/S7M8q4Cs3rI/AAAAAAAAHBs/BCTb-aLvuOE/s1600/LA+PETITE+FILLE+AU+BOUT+DE+CHEMIN+4.jpghttp://1.bp.blogspot.com/__fSnwCCIbLI/S7NgYt81u0I/AAAAAAAAHFw/ZDZNmDTBPJo/s400/Petite+Fille+au+bout+du+chemin+13.jpg


 

 

Voici le début du film (qui est disponible en intégralité en VO sur YouTube) :


 

 


 


              

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1 novembre 2011 2 01 /11 /novembre /2011 15:32

 

 

« Ce qu’ils n’ont pas pu nous prendre », est un roman émouvant de Ruta Sepetys, dont je viens de tourner la dernière page, et qui m’avait été envoyé par les Editions Gallimard Jeunesse, que je remercie chaleureusement pour cette découverte.

 

http://multimedia.fnac.com/multimedia/FR/images_produits/FR/Fnac.com/ZoomPE/2/7/6/9782070635672.jpg


Ce livre est consacré à une sombre page de l’Histoire, dont je n'avais jamais entendu parler : la déportation des populations baltes (Lituanie, Estonie, Lettonie), durant la Seconde Guerre Mondiale, organisée par Staline et les Soviétiques, peu avant la déportation des Juifs commandée par Hitler.


Lina est une jeune Lituanienne comme tant d'autres. Très douée pour le dessin, elle est sur le point d’intégrer une école d'art très réputée. Mais une nuit de juin 1941, des gardes soviétiques l'arrachent à son foyer. Elle est déportée, en Sibérie, avec sa mère, Elena, et son petit frère, Jonas, au terme d'un terrible voyage de plus de 10 semaines. Dans ce désert gelé, il faut lutter pour survivre dans les conditions les plus cruelles qui soient. Mais Lina tient bon, portée par l'amour des siens et son audace d'adolescente. Dans le camp, Andrius, dix-sept ans, affiche la même combativité qu'elle…

 

Alors que vous dire ? Que c’est une lecture difficile, émotionnellement parlant, tant la réalité décrite est insoutenable : l’incompréhension face à l’arrestation, l’interminable trajet en wagons à bestiaux vers la Sibérie, la perte des êtres chers, la violence physique et morale, la séparation, la famine, la mort, le froid, la crasse, la maladie, l’humiliation, la puanteur, les vexations, la tristesse, le désespoir, la peur,… et l’impuissance. Difficile de rester de marbre face à toute cette détresse.


On entre dans cette histoire dès la toute première ligne, et ce n’est pas une façon de parler « Ils m’ont arrêtée en chemise de nuit ». Je vous avouerai d’ailleurs qu’il ne m’a pas fallu 30 pages pour être submergée par l’émotion, retenant péniblement mes larmes, alors que les mots employés n’étaient on ne peut plus simples (et c’est ce qui fait leur force, selon moi) :


« On séparait les familles. Les enfants poussaient des cris déchirants. Les mères imploraient »


« Les quais étaient remplis d’ours en peluche orphelins »

 

Comme vous le voyez, aucun pathos, aucun trait forcé, pas de descriptions larmoyantes, juste la réalité, crue. Un style tout en retenue et en dignité, mais qui laisse deviner l’horreur et arrive à conter l’indicible, en mettant toujours en avant le courage et la force de caractère, plutôt que la résignation ou les lamentations.

 

Ruta Sepetys a également le mérite de rendre l’Histoire accessible à tous.  Bien loin des romans phares de cette époque, que sont notamment « Si c’est un Homme », de Primo Levi, ou « La nuit », d’Elie Wiesel, qui sont, eux, bien plus réflexifs et, par certains côtés, hermétiques.


En outre, les personnages sont très attachants (même les plus sombres), à commencer par Lina et sa famille : sa mère, Elena, une femme incroyablement forte, aussi « krasivaya » que sa fille, et toutes deux impressionnantes de volonté, solides et vulnérables à la fois ; puis le petit Jonas, un personnage qui m’a beaucoup touchée. Il y a également le Chauve, l’institutrice, Andrius et sa mère, tellement héroïque, à sa façon, Kretzky, Ulyushka (qui m'a particulièrement émue), Mme Rimas, etc. La force de ces personnages, c’est qu’ils ne sont jamais blancs ou noirs : ils ont leur part d’ombre ou leur part de bonté, c’est selon.



Le seul bémol, en ce qui me concerne, c’est la fin. J’aurais tellement voulu en savoir plus… beaucoup plus… Je ne veux pas déflorer votre lecture donc je ne peux vous dire explicitement ce qui m’a manqué mais juste que la fin est bien trop abrupte et manque cruellement d’informations, même si Ruta Sepetys nous offre un épilogue et des notes, qui apportent un éclairage historique très intéressant au roman.


D’un bout à l’autre de ce roman, derrière la combativité et l'espoir, résonnent des gémissements plaintifs, des cris de douleur, des soupirs accablés, des sanglots convulsifs, des larmes ravalées, des silences lourds de sens, … et ils ne s’estompent pas une fois la dernière page tournée...


 

Ma note : 4 b pn

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16 septembre 2011 5 16 /09 /septembre /2011 22:36

 

http://storage.canalblog.com/07/78/876214/66405620.jpg

 

 

Me revoilà pour un nouveau billet. En effet, je sors tout juste d’une lecture qui a fait battre mon petit cœur d’incorrigible romantique http://smileys.sur-la-toile.com/repository/Amour/0007.gif … Pas un coup de cœur, mais une lecture bien agréable.


« Quand Souffle le Vent du Nord » nous conte l’histoire d’Emmi et de Léo. Ou plus exactement celle de leur rencontre… virtuelle. En effet, un jour, Emmi désire résilier son abonnement à une revue et à cause d’une erreur dans l’adresse email, son message atterrit chez Léo. Ils ne se connaissent pas mais commencent à échanger des emails. Si au début, les messages teintés d’humour et de sarcasme, étaient sporadiques et innocents, petit à petit la donne change… Jusqu’à devenir accros. Jusqu’à ne plus pouvoir se passer l’un de l’autre, sans se rencontrer pour autant…


C’est donc un roman épistolaire, construit uniquement sur ces échanges d’emails, une romance des temps modernes, une utopie amoureuse faite de mots.


Que dire ? J’ai eu le sourire rivé aux lèvres http://smileys.sur-la-toile.com/repository/Content/0007.gif une grande partie de ma lecture, j’ai aussi beaucoup ri  http://smileys.sur-la-toile.com/repository/Content/0008.gif et, comme dans toute romance (attention, The Midinette is back http://smileys.sur-la-toile.com/repository/Confus/xrougi3.gif ), j’ai eu le cœur qui bat, qui bat, qui bat. QUI BAT ! Je voulais être Emmi, je voulais être la destinataire de ces messages, je VOULAIS que Léo soit le MIEN et pas le sien !


Les emails sont tour à tour (attention, lecteurs, adjectifs en cascade à suivre http://smileys.sur-la-toile.com/repository/Rires/xrire6.gif) émouvants, drôles, déchirants, sarcastiques (mes préférés !), désabusés, ardents, désopilants, intenses, parfois puérils, pleins d’esprit, véhéments, tendres, cyniques, piquants et surtout plein de malice (vous ai-je déjà dit que j’adore la malice !).


J’ai lu les 150 premières pages d’une traite (jusque 03.00 alors que je me levais à 06.00 !), ensuite, j’ai trouvé que ça tournait un peu en rond (1 pas en avant puis 2 pas en arrière), avec quelques longueurs même s’il était toujours très savoureux de lire la plume de l’un et de l’autre. Puis dans les 100 dernières pages j’ai retrouvé le plaisir des débuts.


Leur correspondance pourrait d’ailleurs être résumée comme ce petit poème qui me plaisait beaucoup quand j’étais ado (je cite de mémoire, ce n’est peut-être pas exactement ces mots-là)


« Je sais que tu crois avoir compris

ce que tu penses que je t’ai dit

mais je ne suis pas sûre que tu réalises

que ce que tu as entendu

n’est pas ce que j’ai voulu dire »


En plus de ces longueurs et de ces atermoiements, il faut aussi avouer qu’Emmi est parfois arrogante, prétentieuse, énervante, voire horripilante dans son jeu de « Oui mais Non » mais elle a quelques circonstances atténuantes…


Alors, si vous avez envie de découvrir la naissance du sentiment amoureux, le désir poussé à son paroxysme, l’émotion croissante et le désir grandissant ; si vous avez envie d’une lecture agréable et légère, ce roman est fait pour vous !


 

Et une fois n’est pas coutume, une petite citation, qui m’a beaucoup plu… tellement plu d’ailleurs que je l’ai retenue :

« Ecrire, c’est comme embrasser, mais sans les lèvres.

Ecrire, c’est embrasser avec l’esprit. »

 

 

Ma note : 4 b pn


 

D’autres avis : pour Revelation et MyaRosa, ce livre fut un coup de cœur tandis que Frankie et Lisalor ont presque péri d’ennui !



Petit bonus : une chanson à laquelle m’a fait penser ce roman http://smileys.sur-la-toile.com/repository/Cligne/a_wink.gif


 

Sachez, enfin, que la suite (et fin) « La Septième Vague » est déjà sortie mais il faudra attendre encore quelques mois pour le format Poche.


http://2.bp.blogspot.com/-2OqN8SpwZI0/TdA0omNBLaI/AAAAAAAAAp0/SFm5LQ1qLXE/s320/La-septieme-vague-170x253.jpg


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10 septembre 2011 6 10 /09 /septembre /2011 17:09

Comme prévu, beaucoup moins de temps libre pour la lecture, pour cause de rentrée (scolaire, pas littéraire). Mais je viens enfin de refermer la dernière page de « Bye Bye Blondie », de Virginie Despentes. Même si c’est surtout pour sa couverture intrigante que je l’avais acheté, j’en avais également entendu beaucoup de bien. Et, en effet, c’est une histoire que j’ai  vraiment aimé découvrir.... ou vivre plutôt !

 

http://www.decitre.fr/gi/40/9782253112440FS.gif

 "Bye Bye Blondie" en quelques mots : Gloria a été internée en hôpital psychiatrique. Contre toute attente, la punkette « prolo » y a rencontré Éric, un fils de bourgeois aussi infréquentable qu’elle ; ils se sont aimés comme on s’aime à seize ans. Puis la vie, autant que les contraintes sociales, les a séparés. Vingt ans après, à nouveau, leurs chemins se croisent…


Virginie Despentes nous dresse le portrait de Gloria, une femme blessée aux prises avec ses démons. Portrait insolite, tant par son contenu que par son style. C’est d’ailleurs par cet aspect que je vais commencer. Pas mal de lecteurs sont insensibles –voire allergiques-  au style de Despentes. Il est, en effet, très particulier : haché, cru, violent, brut… une langue brisée, tout comme l’héroïne dont nous partageons la vie durant ces 250 pages. C’est aussi parfois vulgaire (Virginie Despentes aime choquer avec ses « fourrer » ou autres « défoncer » et « baiser ») mais c’est tellement à propos pour parler de Gloria… Et, à vrai dire, je ne vois pas  comment le style pourrait être différent pour nous la décrire… histoire et langue -toutes deux violentes- ne font qu’un dans ce roman, et c’est certainement ce qui le rend aussi fort.


Pendant les 50 premières pages, on suit Gloria, à notre époque, trentenaire perdue dans sa vie, cassée, brisée, à fleur de peau, ultra agressive et violente, et surtout très paumée. Puis elle croise, par hasard, Eric, un amour de jeunesse, qui la replonge dans ses souvenirs et ses démons. S’en suit alors un long flash-back en 1986, quand elle avait 15 ans, qui nous éclaire sur les raisons du fiasco de sa vie, entre séjour en Hôpital Psychiatrique (des pages très fortes... "Comme s'il y avait des limites à la saloperie des dominants", comme le dit si bien Gloria), fugues,  400 coups, SDF, musique Punk Rock, petits larcins, Sex, Drugs and Rock&Roll.


Le personnage fort de ce roman, c’est bien sûr Gloria, tantôt exaspérante au possible, tantôt tout aussi attachante. Elle est blessée, enragée, abandonnée, sauvage… et tellement givrée. Elle toute entière habitée par la fureur et la douleur… Je l’ai trouvée poignante et j’ai aimé cette ambivalence de sentiments qui faisait que parfois, j’avais autant envie de lui mettre une paire de gifles afin de la faire taire que de la prendre dans mes bras, pour atténuer quelque peu sa souffrance.


C’est une histoire à la fois trash et romantique, pleine de désespoir mais toujours avec une lueur d’espoir et qui mêle sans cesse la beauté et la laideur, des personnages, mais surtout de notre monde.


C’était mon premier roman de Virginie Despentes, mais ça ne devrait pas être le dernier !

 

Ma note : 4 b pn


 

Sachez également que Virginie Despentes a adapté ce roman au cinéma et que les deux rôles principaux sont tenus par la sublime Emmanuelle Béart et la sulfureuse Béatrice Dalle (en effet, le rôle d’Eric a été remplacé par celui de Francès, une femme). Le tournage a commencé au début de l’été donc à voir bientôt sur nos écrans !


http://cdn-premiere.ladmedia.fr/var/premiere/storage/images/racine/star/emmanuelle-beart/10083383-140-fre-FR/Emmanuelle-Beart_aLaUneDiaporama.jpg dalle-copie-1.jpg

 



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29 août 2011 1 29 /08 /août /2011 23:07

http://s1.e-monsite.com/2009/09/18/04/10184423uglies-jpg.jpg

 

Présente depuis peu sur un site de bibliovores compulsifs (Livraddict), je me suis inscrite à ma première Lecture Commune, organisée par Gr3nouille, qui proposait de lire ce roman SF de chez Pocket Jeunesse, qui est le premier d'une série de 4 tomes (Uglies, Pretties, Specials, Extras). Jeunesse, oui, vous avez bien lu. Je m'étais inscrite bien AVANT de lire "Hush Hush" et "0.4" (2 déceptions). C'est donc avec des PIEDS DE PLOMB que j'ai ouvert ce roman, et avec les plus grandes craintes, de découvrir une histoire pour ado, dans une langue d'ado et avec des canevas spécialement imaginés pour les ados.

 

Mais Que Nenni ! J'ai aimé. J'ai beaucoup aimé mêmehttp://smileys.sur-la-toile.com/repository/Amour/0054.gif D'ailleurs, pour faire simple et rapide, je commence tout de suite par ma note : 4/5 ! 

 

En effet, j'ai plongé dans cette histoire à pieds joints et je n'en suis ressortie qu'une fois la dernière page tournée. Voilà ce que j'appelle un roman réussi, sur toute la ligne : atmosphère, monde créé, personnages, langue et style, équilibre entre descriptions et aventures : tout y est ! http://smileys.sur-la-toile.com/repository/Content/0063.gif

 

Voici le résumé : Tally Youngblood aura bientôt 16 ans. Comme toutes les filles de son âge, elle s'apprête à subir l'opération chirurgicale de passage pour quitter le monde des Uglies et intégrer la caste des Pretties. Dans ce futur paradis promis par les Autorités, Tally n'aura plus qu'une préoccupation, s'amuser... Mais quelques semaines avant son anniversaire, Tally se fait une nouvelle amie qui lui fait découvrir que la beauté parfaite et le bonheur absolu cachent plus qu'un secret d'État : une manipulation. Que va-t-elle choisir ? Devenir rebelle et rester laide à vie, ou succomber à la perfection ?

 

En lisant ce résumé de la quatrième de couverture, je me rends compte qu'il sonne fort "jeunesse" alors que vraiment, c'est un roman ouvert à tous ! Comme vous l'avez compris, c'est de nouveau une dystopie et celle-ci est très bien menée ! On est plongé dans une Société Futuriste (24e ou 25e siècle), liberticide à souhait évidemment, et construite sur les erreurs et catastrophes de notre Monde Moderne.

 

Le roman est divisé en trois grandes parties (Le visage de la Beauté, La fumée, Dans les flammes), elles-mêmes divisées en de nombreux petits chapitres, qui imposent un rythme de lecture très rapide. Dans la première partie, le décor est planté, les personnages nous deviennent familiers et il y a un équilibre assez juste entre les descriptions (le monde, les technologies, le futur, le passé, les personnages, etc.) et les actions.

 

Il me semble que, parmi tout ce que j'ai apprécié, le plus grand attrait de cette histoire est le monde dans lequel elle se déroule. J'ai adoré... j'avais vraiment l'impression d'y être : des bagues d'Interface, des planches magnétiques, des gilets de sustentation, des souris oculaires, des capteurs ventraux, des aérocars... un vrai monde à la Minortity Report, rempli de technologies nouvelles ! C'est un roman que j'ai trouvé très visuel avec des lieux un peu similaires à ceux de The Island (notamment la ville et les infrastructures de Pretty Town) et je peux dire qu'à plusieurs moments, j'étais vraiment DEDANS, comme durant les séances de "planche magnétique" dans les airs ou de sauts de "gilets de sustentation", j'y étais, là, avec eux, en équilibre et à toute vitesse dans le vent... un peu le même effet que m'avait procuré la découverte du Quidditch avec Harry Potter !

 

Puis on découvre également différents mondes, celui des Uglies pour commencer, avec ses règles et ses rêves ; celui des Pretties, à la fois séduisant, énervant et effrayant, puis celui de La Fumée (pas terrible la traduction, d'ailleurs pourquoi avoir traduit ?? J'imagine que ce devait être "Smokies" et c'est quand même mieux!), très surprenant. Mais également le monde des Rouillés (ça c'est nous, pauvres habitants du XXe siècle http://smileys.sur-la-toile.com/repository/Rires/xrire6.gif ) vu par les yeux des héros, 300 ans plus tard, ce qui est extrêmement plaisant à découvrir !

 

Mais "Uglies" est bien plus qu'un monde dystopique, c'est d'abord une aventure humaine et les personnages que l'on rencontre prennent vraiment vie sous la plume de Westerfeld : l'héroïne, Tally, est assez attachante, tout comme son amie Shay, plus aventurière. Les personnages masculins ne sont pas en reste, à commencer par David, le héros très masculin ou Peris, un peu plus difficile à cerner. Et puis, évidemment, il y a aussi une jolie histoire d'amour, pas trop nunuche, et qui suffit à faire battre le coeur du lecteur !

 

Quant à la langue et au style, je n'ai rien à y redire pour une fois ! Des vraies phrases, du vrai vocabulaire, des métaphores, des néologismes, rien de simpliste et rien de pédant, un juste milieu, parfait pour raconter cette histoire avec rythme ET profondeur.


En guise de bémol, je dirais juste qu'il y a parfois quelques longueurs, qui ralentissent l'action, et quelques incohérences (vous savez, quand le héros est dans une situation inextricable mais qu'il y a quand même une fenêtre ouverte juste au bon moment pour qu'il sauve ses fesses) mais autant j'avais trouvé le monde futuriste de "Promise" un peu simpliste et parfois niais, ici, tout est beaucoup plus détaillé, réfléchi, développé et... crédible (autant que la SF puisse l'être, bien sûr).

 

Sans être un coup de coeur, j'ai vraiment aimé cette lecture, et elle m'a réconciliée avec la SF jeunesse, ce qui lui vaut donc ce billet enthousiaste ! http://smileys.sur-la-toile.com/repository/Amour/0039.gif

 

 

Donc, ma note : 4 b pn

 

 

Et peut-être vous demandez-vous pourquoi je ne mets pas 5 plumes au vu de tout le bien que j'en dit ? C'est parce que je dois encore lire très prochainement "Hunger Games", "Delirium", "Ephémère" et "Divergent", et je compte accorder les 5 plumes au roman jeunesse, catégorie Dystopie, qui m'aura le plus transportée. Je préfère donc me laisser de la marge avant de choisir mon (ou mes) coup de coeur !

 

http://2.bp.blogspot.com/_dipXdu9QryU/TIupjzY1vsI/AAAAAAAAAh8/9EC03NOMqWs/s1600/Divergent+hc+c%282%29.jpg

http://s3.twilightersanonymous.com/wp-content/uploads/HungerGamesTrilogy.jpg http://media.paperblog.fr/i/378/3787057/trilogie-delirium-lauren-oliver-L-1.jpeg http://yabook.fr/IMG/image/Jerome/Jardin-Ephemere-DeStefano.jpg http://i63.servimg.com/u/f63/13/23/97/43/promis10.jpg http://s4.e-monsite.com/2011/04/25/10/resize_550_550//04.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et voici les avis des autres participants à cette LC : Reveline, Gr3nouille, Iani, et Aurélie

 

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21 août 2011 7 21 /08 /août /2011 20:26

 

 

http://img.over-blog.com/300x486/3/14/78/55/romans--suite-/Delicieuses-pourritures.jpg

 

"Délicieuses pourritures" est un roman qui se trouve dans ma PAL depuis des mois et que je me suis finalement décidée à lire. Et je dois bien avouer que je ne m'attendais pas à cela.

 

L'histoire se déroule dans un campus féminin, dans la Nouvelle-Angleterre des années 1970. Gillian Bauer, vingt ans, brillante étudiante de troisième année, tombe amoureuse de son charismatique professeur de littérature, Andre Harrow. Celui-ci a décidé de faire écrire et partager en classe à ses élèves leur journal intime. Et gloire à celle qui offrira son intimité en pâture! Anorexie, pyromanie, comportements suicidaires... un drame se noue...

 


Dès les premières lignes de ce petit roman (126 pages), on se retrouve plongé dans une atmosphère assez lourde et mystérieuse. Nous côtoyons, au coeur des vieilles maisons d'époque 18ème siècle de ce campus, des étudiantes passionnées d'art, et surtout de poésie. Dans cette université, un professeur retient toutes les attentions, Andre Harrow : il subjugue ses étudiantes à coups de regards appuyés, de lectures suggestives, et de discours libertaires. Il sait la fascination qu'il exerce sur elles et il en joue.  

 

Peu à peu, un jeu malsain s'instaure. Toutes attendent désespérément un regard, un sourire, un compliment. Et de là, vont naître rivalités, jalousies, mesquineries, mal-être... certes propres à leur âge, mais décuplés en raison de l'aura du professeur.

 

Tour à tour charmeur, ténébreux, tyrannique et condescendant, il exige toujours davantage de ses étudiantes, il veut qu'elles se livrent dans leurs écrits, qu'elles se mettent à nu, qu'elles parlent de leur intimité, de leurs blessures. Il n'a de cesse de leur répéter "d'aller plus profond, de chercher la jugulaire".  Et elles finiront par trouver cette jugulaire... et même par la trancher à vif, la laissant vomir tout son sang caillé sur elles, naïves étudiantes énamourées.

 

Vous le comprenez, à un moment, l'histoire dérape. Et elle devient de plus en plus malsaine,  dérangeante, voire glauque au possible... créant à la fois la répulsion du lecteur mais aussi sa curiosité.

 

Dans ce roman, de nombreux personnages sont troublants, tant du côté des professeurs que des étudiantes. Même un perroquet anodin finit par devenir inquiétant à son tour. Et puis il y a la flamboyante Dorcas, la sculptrice, que l'on imagine au début comme une espèce de Pablo Picasso au féminin en raison de ses excentricités. Mais qui se révèlera bien plus que cela.

 

Quant à l'écriture de J.C. Oates, je l'ai vraiment appréciée. Elle oscille entre grâce et sensualité mais elle sait également être tout à fait dérangeante et tranchante, pour nous faire ressentir l'atmosphère au plus profond de nous-même.

 

Pour vous exprimer mon ressenti général sur cette lecture, je vais me servir d'une des scènes du roman, dans laquelle Janis Joplin est en fond sonore. J'ai trouvé ce choix très pertinent car, au bout du compte, "Délicieuses Pourritures" est comme cette chanteuse : à la voix tellement particulière, envoutante et dérangeante à la fois. Une voix qui grince... tout comme cette histoire.

 

C'est un livre qui ne se lit pas, c'est un livre qui se ressent. Il vous remuera, il vous tordra le ventre. Vous aimerez ou vous détesterez, il n'y aura pas de juste milieu, j'en suis persuadée.

 

Ma note : 4 b pn

 

 

Note personnelle : à tous ceux qui ont fréquenté l'ULG, Dorcas m'a furieusement fait penser à un de nos professeurs par bien des aspects. Je ne la nommerai pas, par respect pour elle mais j'espère que vous m'enverrez un MP pour me dire à qui vous avez pensé durant votre lecture !

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18 août 2011 4 18 /08 /août /2011 17:07

Voilà un roman que j'avais envie de lire depuis longtemps, tant Paikanne m'en avait dit du bien. Puis il y a peu, le billet enchanté de stellabloggeuse a rappelé ce livre à mon bon souvenir !

 

Quelques mots sur l'histoire : Simple (de son vrai nom, Barnabé) est déficient mental (ou i-d-iot selon ses propres mots) : il a 22 ans ans, mais 3 ans d'âge mental. Pour éviter de le laisser "mourir" à Malicroix, institution dans laquelle son père l'a placé, Kléber son frère de 17 ans le prend sous son aile. Tout est compliqué et le devient encore plus lorsque les deux frères trouvent une colocation avec trois autres garçons et une jeune fille...


http://storage.canalblog.com/97/71/536764/37262949.jpgIl me semble que 2 mots résument parfaitement l'atmosphère de ce livre : un subtil mélange d’humour et d’émotion.


De l'humour, parce que l'on sourit souvent, que l'on rit ou même que l'on s'esclaffe ! Simple est vraiment un petit bijou de personnage. Dès qu'il ouvre la bouche, on ne peut que fondre. Monsieur Pinpin, son lapin en peluche, n'est pas en reste : on ne peut lui rester insensible.... surtout quand il "pète la gueule" à tout ce qui peut causer du chagrin à Simple !

De l’émotion, parce que le sujet est grave, même s’il est traité de façon plutôt légère. On ne peut qu’être touché du lien qui unit Kléber à son grand-petit frère. Un lien unique, fort, indestructible. A eux deux, ils défient la médiocrité du monde et… ils s'en sortent pas mal !

 

On passe donc sans cesse du rire aux larmes... mais des larmes d'émotion, qui ne sont jamais des larmes de pitié !


Ce roman est très court, 200 petites pages, et les aventures se succèdent rapidement, au cours des 13 chapitres. Ce qui est étonnant, c’est que rien n’est vraiment développé : ni la psychologie des personnages, ni leurs portraits, ni leurs actions… mais en très peu de mots, on a pourtant l’impression de les connaître et de pénétrer dans leur intimité… En effet, il me semble que, plus que le pouvoir des mots, c’est l’importance des non-dits et de l’implicite qui jouent un rôle primordial dans cette histoire. Ainsi, si on prend, par exemple, le cas de l’Institution dans laquelle Simple a été abandonné par son père, Malicroix : même si l’on n’en sait presque rien, tant Marie-Aude Murail reste évasive, on finit tout de même par trembler juste à son évocation, tout comme Simple et Monsieur Pinpin.


Les dialogues sont nombreux, ce qui contribue également à la grande fluidité de l’histoire et à l’absence de temps-mort. Ceux qui mettent en scène Simple et son lapin en peluche sont tout simplement irrésistibles… entre légèreté, tendresse et gravité. Leur façon de voir le monde, à tous les deux, avec leurs 3 ans d’âge mental, est tout à fait unique... tout à fait déjantée et pourtant, tellement… sensée !

 

J'ai aussi beaucoup apprécié les personnages qui entourent Simple et Kléber : les colocs, qui finissent par tomber sous le charme de Simple et font preuve de qualités humaines insoupçonnées au début du roman, Monsieur Dieu qui, sous ses airs aigris, est un être précieux, ou encore la famille de Zahra, extraordinaire de tolérance et d'amour.


Mais ce qui fut surtout jubilatoire pour moi, ce fut de découvrir la façon d’appréhender et d’utiliser la langue française de Simple : sans le vouloir, il fait des jeux de mots savoureux, drôles et tout à fait irrésistibles (« Il y avait six garettes sur la table, toutes crabouillées », « Prends tes dicaments », « Il y a un beaud'hommes caché dans le téphélone », quelques exemples parmi tant d’autres). 

 

Grâce à toutes ces qualités, c’est un livre qui se lit à toute vitesse. A la façon de Simple, on a à peine le temps de compter « 7, 9, 12, B, mille, cent » qu’on en est déjà à la dernière ligne !

 

Un petit bémol tout de même : c’est peut-être un petit peu trop « Au pays des Bisounours »… oui, on se rend bien compte des difficultés quotidiennes de la cohabitation avec un déficient mental, mais j’ai comme l’impression que c’est malheureusement beaucoup plus compliqué et douloureux que ce qui nous est décrit. Et en cela, ce roman manque donc un peu de crédibilité (Qui donc confierait un déficient mental à un ado de 17 ans en Terminale et vivant seul ?). Par conséquent,  je pense que pour l’apprécier à sa juste valeur, il faut plutôt le lire comme un conte : la Princesse pourrait être Simple, le Prince serait Kléber, la marâtre serait Monsieur Maluri et la vilaine sorcière serait Malicroix !


Voilà, j’ai tout dit, sans en dire trop sur tous les personnages attachants (ou pas du tout) que vous rencontrerez dans le monde de Simple, et je vous conseille vraiment de découvrir ce roman, qui vous touchera sans aucun doute.

 

 

 Ma note : 4 b pn

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14 août 2011 7 14 /08 /août /2011 20:07

 

http://chocolatecake.free.fr/wordpressfr/wp-content/mecanique_du_coeur_-_livre-ccb72.jpg 

Voilà un roman que j'ai acheté uniquement en raison de sa couverture, que j'avais trouvée tellement poétique. Elle avait un je-ne-sais-quoi de TimBurtonesque !  http://smileys.sur-la-toile.com/repository/Amour/0038.gif

 

 "La mécanique du cœur" est un petit livre (156 pages) à part. Il ne ressemble à aucun autre. Quoique. Mais j'y reviendrai plus tard.

 

Voici le résumé. Edimbourg, 1874 : le jour le plus froid du monde. Lorsque Jack naît, son cœur gelé se brise immédiatement. La sage-femme le remplace par une horloge et le sauve. Depuis lors, il doit prendre soin d'en remonter chaque matin le mécanisme. Mais gare aux passions ! Le regard de braise d'une petite chanteuse andalouse va mettre le cœur de Jack à rude épreuve... (Amazon).


Je vous le disais, un conte tout à fait étonnant !

 

Alors, qu’en dire ?

 

Dès les premières pages j’ai été transportée dans un Ailleurs, un autre Univers, que je pouvais voir et entendre, tant l’atmosphère créée est forte.

 

Néanmoins, plutôt que de m'attarder sur l’histoire, je préfère vous parler des personnages tellement insolites :

 

  • Little Jack : un garçon étonnant qui, en lieu et place de sang, a de la poésie et du rêve qui coulent dans ses veines, et dont le cœur fait « tic-tac bo-boum tic-tac bo-boum ».
  • Miss Acacia, la petite chanteuse andalouse : ce qui m’a surtout marqué dans ce personnage, c’est combien on sent l’inspiration de Mathias Malzieu : cette petite Andalouse, C’EST Olivia Ruiz. A chaque description, j’avais l’impression de la voir sur scène : ses cheveux, ses mimiques, son petit nez et ses petits seins, sa grâce mêlée de maladresse... le tout saupoudré de son côté "flamenco". Vraiment, même si je n’avais pas su qu’elle était la compagne de l’auteur, je l’aurais, sans aucun doute possible, reconnue. A part cette ressemblance frappante, ce n'est pas un personnage que j'ai particulièrement apprécié.
  • Madeleine : un personnage haut-en-couleur. C’est un peu « Doc » (Retour vers le Futur) au féminin. Elle peut soigner le cœur de Jack à l’aide d’une Pince Monseigneur d’une main, tout en le caressant de son autre main en fredonnant sa berceuse hip-hop « "Love is dangerous for your tiny heart" (par ici).
  • Le vieil Arthur, qui a la colonne vertébrale  qui rouille, et toujours en train de chantonner son « Oh When the Saints » ( par ici ou la version de Malzieu lui-même par là).
  • Anna à la jambe de bois, garnie d’une porte-jarretelle et Luna, à l’œil de verre en quartz, les 2 prostituées Dalidiennes (néologisme créé pour l’occasion)
  • Un hamster au nom… particulier =D
  • Georges Méliès, un horloger-prestidigitateur et Docteur Love à ses heures perdues
  • Jack l’Eventreur himself !

 

Et encore bien d’autres !

 

Et même si ces personnages semblent aussi éloignés les uns des autres, ils ont cependant un point commun. En effet, Jack n’est pas le seul à avoir le cœur cassé. Tous ses compagnons d’aventure ont eu aussi la mécanique du cœur enrayée, et c’est ce qui contribue à les rapprocher et à les lier les uns aux autres, afin de créer un univers tellement homogène.

 

Venons-en maintenant aux choses qui fâchent : l’histoire qui nous est contée dans ce roman. Si j’avais fait mon billet à la fin du chapitre 7 (p. 88), je vous aurais dit que ce livre était "un petit bijou de tendresse", "une œuvre originale à la Tim Burton", "un Magasin des Suicides d’un autre genre", tant j’ai vu se construire devant mes yeux ébahis et séduits ce merveilleux univers. Mais...

 

Malheureusement, dès le 8ème chapitre, le mécanisme se grippe un peu (désolée pour la métaphore douteuse). Les 7 chapitres suivants décousent, petit à petit, l’atmosphère magique qui avait été magistralement créée dès les premiers mots. En effet, dans ces 70 dernières pages, les rebondissements manquent de cohérence, les dialogues sont un peu trop nombreux et longs, et le propos devient  beaucoup plus terre à terre, avec des préoccupations tellement…. humaines... Quel dommage… Quant à l’épilogue, qui nous dévoile ce qu’il advient de chacun des personnages, il tombe un peu à plat et ne parvient pas à renouer avec la magie des débuts.

 

En ce qui concerne la langue de Malzieu, elle est pleine de poésie et de finesse et on sent tout le travail qui a été fourni pour créer ces merveilleuses et insolites expressions imagées (« J’ai voulu n’en faire qu’à mon cœur »). Cependant, petit bémol, toutes ces comparaisons et métaphores inédites finissent parfois par alourdir son style, et par ralentir l’action.

 

Pour terminer sur une note positive, j’en reviens à ce que je disais en début de billet « Ce roman ne ressemble à aucun autre. Quoique ». En effet, durant la lecture de ces 80 premières et extraordinaires pages, un nom s’est imposé à moi : Benjamin Lacombe (un merveilleux illustrateur français… le meilleur selon moi, rien que ça !). A chaque image décrite par Malzieu, je l’imaginais sous le pinceau de Lacombe. J’en suis même venue à me dire « Il faut que lui écrive un email, je suis sûre que cet univers le séduira ». En fait, j’étais en retard d’une guerre (je l’ai appris ce matin par une amie) : Benjamin Lacombe a déjà collaboré à cette œuvre, il a réalisé la SUBLIMISSIME couverture de la traduction anglaise du roman.Jugez-en par vous même !

 

http://benjaminlacombe.hautetfort.com/media/00/01/1726390366.jpg

 

 

Alors, même si je n’ai aimé qu’une moitié de ce roman, il faut reconnaitre à Malzieu cet immense talent de faire naitre des tableaux tellement enchanteurs, sans pinceaux, mais uniquement à partir de mots.

 

 

Ma note : 3 b pn1 b pn

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Le petit grain de sel de Cajou

http://yelims1.free.fr/Animaux/Animaux23.gifPour chaque livre sur lequel j'écris un billet, j'attribue une note de plaisir (ou déplaisir) de lecture.


1_b_pn.jpg = J'ai détesté http://smileys.sur-la-toile.com/repository/M%E9chant/fache-censure.gif
 2_b_pn.jpg= Je n'aime pas http://smileys.sur-la-toile.com/repository/Triste/tristounet.gif
 3 b pn = J'ai apprécié mais... http://smileys.sur-la-toile.com/repository/Content/smile.png
4_b_pn.jpg = J'aime http://smileys.sur-la-toile.com/repository/Amour/0060.gif
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