Aujourd’hui, c’est Le Maître qui est passé entre mes mains, pour un très bon moment de lecture. En effet, il y a quelques jours est sorti le tout dernier Stephen King, le très bien nommé « Nuit Noire, Étoiles Mortes ». Cela faisait bien 5-6 ans que je ne l’avais lu. Et je dois vous dire que je l’ai retrouvé avec grand plaisir. En effet, tous les ingrédients qui ont eu l’habitude de me séduire sont bel et bien présents ici : sa plume, efficace, très efficace, et que j’ai trouvée plus moderne que dans mon souvenir, notamment avec un emploi de parenthèses que j’ai trouvées très à-propos, conférant une touche dynamique à la narration. Puis le Maine, ah que j’ai aimé en retrouver l’atmosphère et les paysages. Mais surtout : le frisson, la peur, la terreur, l’effroi… brRRRrRrR !
« Nuit Noire, Étoiles Mortes » est un recueil de 4 nouvelles. Et la première chose que j’ai envie de vous dire est que l’on ne se moque PAS de nous. En effet, avec quelques développements supplémentaires, 3 des 4 nouvelles auraient très bien pu devenir 3 romans (et donc des machines à $$$) mais non, le lecteur est très bien servi ici, avec 4 nouvelles très abouties.
1922 : Wilfred James, un fermier du Nebraska, assassine sa femme avec la complicité de leur fils pour l'empêcher de vendre sa propriété à un éleveur de porcs. Le début d'une véritable descente aux enfers…
Grand Chauffeur : une auteure de polars, Tess, a pour habitude d’arrondir ses fins de mois en prenant part à des conférences-rencontres dans ces cercles de lecture. Mais au retour d'une de ces réunions, elle choisit de prendre un raccourci par des petites routes perdues. Et là, son existence va basculer…
Extension claire : Harry Streeter, qui souffre d'un cancer en phase terminale, rencontre, au bord d’une route déserte, un étrange personnage qui lui propose un Pacte… mais un pacte a toujours un prix à payer, n’est-ce pas ?
Bon ménage : Darcy Anderson est mariée depuis 27 ans au même homme, Bob. Ils vivent une vie paisible et assez heureuse. Jusqu’au jour où elle découvre qu'elle partage la vie d'un tueur en série. Que va-t-il se passer maintenant qu’elle sait ?
Même si ces 4 nouvelles sont tout à fait indépendantes, elles ont plusieurs points communs. Le premier est la noirceur absolue, très justement représentée par le titre. Et le second est le thème récurrent : « cet Autre qui sommeille en nous », à son tour, merveilleusement représenté par la couverture (si vous avez la chance de tenir le roman entre vos mains, vous pourrez voir le reflet -glaçant- de cet homme apparemment anodin qui regarde la vitrine).
Et je dois dire que c’est ce qui m’a le plus enchantée dans ce recueil : observer des êtres humains tout à fait
normaux, fades, banals, menant leur petit bout de chemin, et soudain confrontés à une situation (souvent -très- désagréable) qui les dépasse. Et c’est à ce moment que surgit cet Autre, cet
Inconnu tapi au fond d’eux, dont ils ignoraient tout jusque-là. Ainsi, Wilfred, un petit fermier sans prétention devient meurtrier ;
Tess, une petite-auteure-mémère devient une héroïne digne d’un bon thriller et commet des actes dont elle n’aurait jamais pu s’imaginer
capable ; Darcy, la gentille petite épouse banlieusarde, qui se révèle bien plus forte et astucieuse que les apparences ou encore
Streeter, le petit banquier « l’air de rien » qui se révèle assez sadique dans l’âme en faisant un choix répréhensible, certes, mais
tout à fait compréhensible.
J’ai beaucoup aimé ces 4 nouvelles. Même si la première est celle qui m’a le moins plu des quatres, j’ai tout de même adoré l’horreur des scènes liées au meurtre de l’insupportable Arlette (c’est beurk, je vous préviens). J’ai également pris un très grand plaisir à lire cette variation du Mythe du Pacte avec le Diable que j’ai trouvée très originale grâce à ses personnages (ce Mr Dabiel est diablement savoureux). Puis j’ai vraiment pris en affection cette Darcy en peignoir et bigoudis qui fait preuve d’un grand sang-froid face à son mari « sorti du Miroir »… je suis sûre qu’elle plaira à de très nombreux lecteurs ! Mais je dois avouer que la petite Tess, de « Grand Chauffeur », une Agatha Christie de seconde zone, est celle qui m’a le plus régalée. J’ai adoré son personnage (et ses deux seuls amis, Fritzi et Tom Tom) à la fois pantouflarde, drôle, capable d’une ironie salutaire et de beaucoup d’humour malgré les circonstances dramatiques. Mais aussi tous les autres personnages qui peuplent cette nouvelle (dont je me dois de vous taire l’existence sous peine de vous gâcher votre découverte) (mais tout de même, cette Madame Strehlke !). Puis l’histoire est effrayante à souhait et les dommages collatéraux découlant du « crime » sont juste… aussi terribles que jubilatoires.
J’ai choisi de ne pas faire un billet divisé en quatre parties car il était alors impossible de ne pas vous spoiler (surtout que les résumés en disent déjà pas mal) et mon billet prenait des proportions énormes. Mais je me dois encore d’ajouter d'autres éléments qui ont su me séduire dans ce livre :
- A chaque fois, à peine quelques lignes lues et on est plongé au cœur de l’intrigue, tout de suite, sans long préambule.
- Il y a pas mal d’humour (noir, souvent, voire corrosif) ce qui procure des sensations très fortes entre rire et effroi.
- Beaucoup de références très modernes (Withney Houson, Google, Janet Evanovitch, Rihanna, Jodie Foster, des répliques de films,…) ce qui ancre encore davantage ces nouvelles dans notre monde et les rendent d’autant plus effrayantes car… plausibles.
- Un savant dosage de rebondissements, de descriptions et de dialogues. Il ne s’appelle pas « Le Maître » pour rien !
Un très bon moment de lecture donc, qui m’a donné envie de lire bien d’autres romans de Stephen King, à commencer par « Dôme », son dernier roman en date !
Ma note :