La nouvelle est un genre que j’apprécie, surtout parce que c’est très pratique pour travailler avec mes élèves. Mais les recueils de nouvelles, un amas –parfois improbable- d’histoires diverses, sans véritable fil conducteur, très peu pour moi.
Et pourtant, sans crier gare, voilà que la lecture de « Nouvelles contemporaines. Regards sur le monde » m’a totalement convaincue. Il s’agit un bref recueil (94 pages) d’une dizaine d’histoires, tour à tour contées par Delphine de Vigan (qu’il n’est plus besoin de présenter), Timothée de Fombelle et Caroline Vermalle, deux auteurs que je ne connaissais point, même pas de nom.
On débute la lecture avec la nouvelle « Comptes de Noël » qui nous présente une petite fille très attachante qui surmonte les difficultés émotionnelles de son quotidien, notamment dues à l’absence de son papa, en comptant tout ce qu’elle peut. Comme pour ma lecture de « No et Moi », j’ai été tout à fait charmée par la façon de raconter de Delphine de Vigan. Puis cette fin, tellement mignonne, sur un ton tellement juste… J’ai été totalement séduite.
Ensuite, c’est Timothée de Fombelle qui prend le relai. Il nous offre 7 très courtes nouvelles, qui sont autant de photographies d’un instant, d’un moment. Un peu à la façon des « Je me souviens » de Georges Perec, on a l’impression qu’il nous conte des souvenirs de scènes aperçues çà et là. On y trouve des petites leçons de vie, des regards plein de sagesse sur notre humanité, sur l’enfance, la précarité, ou encore le besoin de reconnaissance et d’exister à travers les yeux des autres. Et si Delphine de Vigan dans sa nouvelle arrivait sans aucun souci à nous plonger dans son histoire en quelques pages, Timothée de Fombelle réussit le pari de nous immerger dans ces bribes de destins en quelques phrases seulement.
Et enfin, la cerise sur le gâteau, c’est ma découverte de Caroline Vermalle, qui nous offre les deux dernières nouvelles du recueil. Sa première nouvelle « Un dernier tour » met en scène Gaston et Louis. Un père. Un fils. Qui ne sont pas ceux que l’on croit. La nouvelle, qui se déroule aux abords du vieux manège en bois que possède Gaston, est pleine de douceur et la fin m’a autant surprise qu’émue. Sa seconde nouvelle, la plus longue du recueil, s’intitule « La Fille du déménageur ». Alors que cette histoire ne fait que 35 pages, quand j’ai eu tourné la dernière page (et quelle ravissante dernière page ), j’ai eu l’impression que je venais de lire un roman entier tant les personnages avaient pris vie durant ma lecture ! Ce père par intermittence, qui essaye de trouver le moyen de renouer le contact avec sa fille et de lui montrer combien la vie vaut la peine d’être vécue, est vraiment touchant par sa maladresse et son désarroi. Bref, 10/10 car mon cœur a fait BOUM à plusieurs reprises devant l’amour de ce père pour sa petite KPop de fille.
Caroline Vermalle a donc vraiment su me transporter et je reste assez stupéfaite devant son talent à créer une atmosphère, des personnages, et des émotions en si peu de mots
Si je devais nommer le fil conducteur de ce recueil, je dirais que c’est un petit manuel du « Carpe Diem ». Au-delà de notre quotidien, de sa grisaille, de ses défaillances, de nos mauvaises humeurs, des coups durs, il y a tant de petits moments privilégiés, tant de bulles de légèreté, de douces attentions, de gestes gratuits… qui ne demandent qu’à être saisis, et qui rendent la vie moins dure, et même plus belle. Mais tout n’est pas rose, alors, on y trouve aussi quelques drames, comme la nouvelle de Timothée de Fombelle « Il travaille » qui ne pourra vous laisser insensible.
Et pour terminer ce billet, une qua-dé-lité-faut (pas mal hein
) (oui oui je
m’auto-congratule ) : la force des émotions ressenties est à la mesure de la frustration engendrée par la brièveté des textes.
Ma note :
D'autres avis tout aussi positifs, chez Stephie et chez Leiloona.