Je vous parle d’un autre roman de la rentrée littéraire aujourd’hui : « Nous étions faits pour être heureux », de Véronique Olmi, paru hier aux Éditions Albin Michel.
Résumé : Quand Suzanne vient dans la maison de Serge à Montmartre, il ne la remarque pas. Elle accorde le piano de son fils. Elle est mariée, lui aussi, et à 60 ans il a ce dont rêvent les hommes : un métier rentable, une jeune femme parfaite, deux beaux enfants. Pourquoi soudain recherche-t-il Suzanne qui n’est ni jeune, ni belle, et apparemment ordinaire ? Pourquoi va-t-il lui confier un secret d’enfance dont il n’a jamais parlé et qui a changé le cours de sa vie ?
Ce roman nous raconte donc une histoire somme toute ordinaire : une rencontre, l’amour naissant, les mensonges et les secrets, la difficulté du bonheur conjugal, etc., le tout mêlé aux blessures de l’enfance qui continuent d’habiter les adultes. Mais j’ai trouvé que cela était fait de fort jolie manière, avec beaucoup d’émotions.
Les phrases sont courtes, les chapitres aussi et
Véronique Olmi nous offre ainsi des petits instantanés successifs de ces vies qui se croisent et se décroisent, où les gens ne sont pas heureux, mais pas tout à fait malheureux non plus. Plutôt
dans une espèce de flottement où l'on marche à côté de sa vie.
Serge et Suzanne nous montrent qu’il suffit d’un rien, un frôlement distrait entre deux portes, pour que des existences se désaccordent. Et j’emploie ce mot à dessein parce que le texte est parsemé de mots et d’images musicales, que j’ai vraiment appréciées. Et l’auteur dépeint avec beaucoup de justesse cette émotion inexplicable, floue et exaltante qui s’insinue dans une vie de moquette et de sourdine, réglée comme du papier à musique.
Les choix narratifs sont également très réussis. En effet, Suzanne partage son histoire à la première personne, de façon très honnête, alors que nous découvrons Serge et sa vie dans un « il » assez distant. Mais au cœur du roman, cet homme va confier ses blessures d’enfant, encore béantes, à Suzanne en s’exprimant à la première personne. Ainsi, derrière un homme assez froid et secret, on découvre mieux qui il est, avec ces ombres du passé qui pèsent lourdement sur ses épaules, et on s’attache davantage à lui.
Ma seule déception réside dans la fin. Non que je n’adhère pas au sort qu’a choisi de réserver Véronique Olmi à ses personnages, mais bien parce que je trouve que ce roman ne se termine pas et qu’il lui manque quelque chose. Et je n’ai d’ailleurs pas aimé ou pas compris le rôle de ce tout dernier chapitre.
En bref, de la
littérature contemporaine comme je l’aime. Même si je n'en garderai probablement pas un souvenir durable,
j'ai vraiment apprécié cette lecture : une histoire contée dans la juste note, avec des personnages vrais,
de la sensibilité et de la dureté, et une belle écriture.
Ma note :
Par ici, le billet de Stephie, tout aussi charmée que moi.
Et pour terminer, voici un extrait qui m’a touchée.
Et de 2/7 dans le challenge "1% rentrée littéraire"