Dans le cadre du challenge « Un mot, des titres », organisé par Calypso, voici (en retard) mon choix de lecture pour le mot à l’honneur ce mois-ci « Bonheur ».
J’ai choisi de sortir de ma PAL « Le cherche-bonheur » de Michael Zadoorian, pour lequel j’avais eu un coup de cœur, tant pour la sublime couverture, que pour le résumé très prometteur.
Pour John et Ella, 60 ans de mariage au compteur, c’est l’heure de la grande évasion ! Bravant l’interdit familial et médical, ils quittent Détroit à bord de leur camping-car, le bien nommé « Cherche-Bonheur », direction la Californie, via la mythique Route 66. L’un a la mémoire qui flanche, l’autre le corps en déroute, mais il n’est jamais trop tard pour partir à la conquête de son bonheur !
On peut se demander si c’est la meilleure idée possible… Ce couple de vieux débris (sic), Ella avec plus de problèmes de santé qu’un pays du Tiers-Monde, et John, sénile au point de ne pas savoir quel jour on est, partant sillonner les routes du pays ? Bien sûr que ce n’est pas une bonne idée, mais pourtant elle est excellente ! Ils veulent couper l’herbe sous le pied à la vieillesse, à la maladie, à la dépendance familiale et médicale, aux chutes, etc. A eux deux, ils forment une personne complète : elle la tête et lui les jambes. John a de rares moments de lucidité (quelques minutes à peine par jour) et Ella souffre le martyre à cause de son cancer. Alors, comme elle, on en vient à espérer l’arrivée de ces moments de clarté et on se trouve tout aussi ému qu’elle quand elle retrouve son John, celui d’avant.
Ce roman oscille continuellement entre tendresse (et donc émotion) et humour (et donc, pas mal de (sou)rires en perspective) car Ella a un regard très lucide sur le couple qu’ils forment et sur leurs limites. Elle ne se gêne pas pour insulter son mari, et il le lui rend bien, ce qui donne plusieurs scènes très cocasses !
Pourtant, j’avoue avoir été un peu déçue par cette lecture : l’histoire est aussi magnifique que le laissait espérer le résumé MAIS j’ai trouvé la narration inadéquate. Un style un peu lourd et qui manque de coulé. En effet, il y a accumulation de souvenirs, de descriptions des endroits traversés (des villes fantômes, des bars, des restaurants, des musées, etc.) et finalement, assez peu de dialogues. Alors que, pour moi, ce qui fait toute la saveur, et la force, de cette merveilleuse épopée, c’est la relation si forte qui unit John et Ella. J’aurais donc souhaité bien plus de dialogues, afin d’être plongée davantage au coeur de leur relation. Une langue bien trop descriptive pour moi, et surtout pour l’histoire en elle-même.
J’aurais voulu que les choix de l’auteur soient davantage à la hauteur de la fraîcheur de ses personnages. Je n’ai donc pas tout à fait réussi à entrer en communion avec John et Ella, même si j’ai quand même été touchée par leurs aventures. Je me souviendrai notamment longtemps de leurs scènes de disputes (et d’insultes !) mémorables, tant elles étaient drôles et émouvantes à la fois. Puis également de tous ces moments attendrissants : des attentions anodines, des regards, une main sur un genou, un baiser que l’on espérait plus, …
Néanmoins, malgré cette petite déception, c’est quand même une très jolie lecture que nous offre là Michael Zadoorian.
Je terminerai mon avis par la critique reproduite en quatrième de couverture, que je trouve très juste : « Ce couple chancelant affronte crevaison, braquage, chute, sans faillir dans sa détermination à finir en beauté. N’hésitez pas, vous non plus, à vous embarquer dans cette réjouissante ode à la liberté ! » (Paris Match)
Ma note :
Et par ici, vous trouverez l'avis de Lisalor qui n'a pas relevé les mêmes faiblesses que moi et qui a été tout à fait conquise.