J’ai eu l’occasion de découvrir, pour la première fois, l’écriture de Véronique Ovaldé (« Ce que je sais de Vera Candida », « Des vies d’oiseaux », etc.) à travers ce petit roman de 73 pages, « La salle de bains du Titanic ».
Le résumé m’a tout de suite plu et j’étais très curieuse de connaitre le lien entre ce dernier et le titre. Puis hier matin, j’ai lu une chronique assassine (mais vraiment assassine) de ce roman et j’ai alors eu très « peur » de ce que j’allais découvrir.
Et bien, pour ma part, j’ai été tout à fait séduite par ce « roman » aussi court que singulier. Parce que oui, certains lecteurs parlent de 3 nouvelles, mais je préfère parler d’un roman, divisé en 3 instants, comme le dit très justement la quatrième de couverture.
Vienna aimerait redevenir une toute petite fille. Juste avant l'été de ses six ans. L'été où elle s'est perdue dans les dunes. Et où un homme l'a finalement ramenée à ses parents. Elle voudrait revenir avant. Juste avant. Avant l'été où. Et où le monde a changé sa révolution. Trois instants où s'est joué le destin de Vienna.
Et je ne vous en dirai pas plus car parler davantage de ce qui se déroule dans cette histoire serait prendre le risque de vous gâcher le plaisir tant le roman est court.
On ne peut parler de « La Salle de Bains du Titanic » sans évoquer son style tout à fait singulier. Il émane tellement de choses de ces mots que si je m’étais écoutée, j’aurais, dans ce billet, recopié des dizaines de citations. En un mot, une phrase, une page, Véronique Ovaldé créé une atmosphère ou nous décrit une scène, qui aurait nécessité 10 pages à d’autres. C’est à la fois envolé, et à la fois lourd de sens. C’est empreint de poésie mais c’est aussi tout à fait moderne dans la langue. Les mots s’envolent, mais ce qu’ils impliquent vous cloue au sol.
L’auteure a un talent certain pour jouer avec le non-dit, l’allusif, l’implicite et l’indicible, qui sont au cœur de la narration. Pas besoin de décrire l’horreur, pas besoin de palabrer : l’horreur se dessine d’elle-même dans les blancs du texte. Un mot, une phrase et le ciel nous tombe sur la tête tant l’image évoquée est forte, puissante, voire insoutenable. Puis il y a toutes ces parenthèses qui sont tour à tour amusantes, étonnantes, éclairantes, et qui amènent une force supplémentaire à l’histoire. On peut dire que les mots sont aussi légers que l’histoire est pesante. Et j’ai trouvé ce mélange très heureux !
« Tous ceux qui n’ont pas de nombril sont des martiens. C’est ce que nous avions décrété Jules et moi quand Jules avait neuf ans et moi six. » Voici les premiers mots de ce roman. Deux phrases qui suffisent à nous laisser entendre les rires des enfants, à percevoir l’insouciance et l’émerveillement face au monde. Et cette impression de puissance évocative des mots, je n’ai cessé de la ressentir tout au long de ma lecture.
Les thèmes abordés par l’histoire de Vienna sont variés, tantôt légers, tantôt lourds, parfois insoutenables. L’enfance, la maladie, l’abus, ou encore les cicatrices indélébiles.
Quant au titre, on en comprend le sens dans la dernière partie. Vienna n’a pas croisé de monstre de glace sur la mer, Vienna l’a rencontré dans les dunes et elle est, elle aussi, devenue naufragée de la vie.
Je sais que certains sont tout à fait imperméables au style d’Ovaldé, mais en ce qui me concerne, même si la fin m’a laissée tout à fait dubitative (huh ???), je me suis régalée de ses mots et de sa plume, malgré l’histoire dramatique qui nous est contée.
Ma note :
Merci beaucoup à toute l’équipe de Livraddict et aux Éditions J’ai Lu pour ce partenariat qui fut une très jolie découverte.
Voici le billet de Myiuki22 qui a trouvé ce livre sans AUCUN intérêt,
Celui de Benjamin, qui n’a pas vraiment apprécié sa lecture,
Karline qui s'est laissée bercer par ce roman,
Et enfin, celui de Lise qui, comme moi, a été tout à fait séduite.