Attention, ce billet contient des gros mots
Vous voilà prévenus
« La Pluie et le Beau Temps » est un roman de Lily King, paru ce 15 mars aux Presses de la Cité. Le titre et la couverture avaient tout pour me séduire et le contenu fut tout à fait à la hauteur.
Nouvelle-Angleterre, dans les années 70. A 11 ans, Daley ne connaît qu’un héros : son père, Gardiner. Il est différent des autres, il chante à tue-tête, il plonge dans leur piscine pendant les barbecues, court nu dans le jardin et, surtout, il la fait rire. Ce que Daley ne comprend pas encore, c’est que son père adoré est alcoolique. Bientôt, sa mère demande le divorce, et chacun refait sa vie de son côté. Des années plus tard, Daley sort de l’université, diplôme en poche, bague de fiançailles au doigt. Son frère l’appelle, affolé : leur père est au plus mal, elle doit revenir de toute urgence pour s’occuper de lui. La cohabitation entre Daley et son père est tumultueuse. La jeune fille comprend qu’elle est prisonnière de cette relation abusive et que, si elle veut construire sa propre vie, elle devra trouver le courage de prendre son envol…
Daley, c’est donc l’héroïne de ce roman. Dès les débuts, on la sent malmenée dans la relation tumultueuse qui lie son père et sa mère. Puis ils divorcent, et les choses ne font que se compliquer pour Daley, qui doit faire face à des parents peu soucieux d’elle (c'est le moins que l'on puisse dire!), qui la font endurer, inconsciemment ou non, des situations injustes. Daley est déchirée entre ses parents et c’est un personnage auquel on ne peut que s’attacher et qu’on a envie de serrer très très fort dans nos bras.
Puis il y a son père, le Héros de sa petite fille, Gardiner, ce personnage
complètement irréfléchi, aussi fantasque que soupe au lait… qui se révèle en fait être un odieux
connard (pardon, mais je vous avais prévenu) qui s’empresse de refaire sa vie et de faire peser la responsabilité du divorce sur les frêles épaules de sa fille. Il passe son temps
à se préparer amoureusement des Vodka Martini qu’il s’enfile à longueur de journée au bord de sa piscine, il est vulgaire, il n’a aucune pudeur et en guise d’histoire du soir, il
lit Penthouse (!!) à ses enfants. Ses « putain putain putain », j’ai eu envie de les lui refoutre au fond du
gosier et de lui crier « Mais comporte-toi en père, espèce de minable ! ». Toutefois, dans ce roman rien n’est blanc ou noir, et malgré toutes ces horreurs, jamais je
n’ai réussi à détester ce père… car en fait, plutôt qu’un sale type, c’est avant tout un pauvre type. Comme Daley, j’ai sans cesse vogué entre répulsion et fascination vis-à-vis de ce personnage
(mais + de répulsion quand même hein, connard !)
Quant à la mère, elle est moins activement néfaste que Gardiner mais sa passivité ne cause pas moins de tort à sa fille. En effet, quelle brillante idée de môman que de prévenir sa fille des semaines à l’avance de son projet de divorcer, enfermant Daley dans un secret bien trop lourd à porter pour elle.
Les parents de Daley sont donc parfois maladroits, souvent indifférents, rarement aimants, de temps en temps mesquins mais ce sont surtout vraiment 2 nazes ! Le père a une nouvelle poule avec qui partager ses beuveries, la mère a un nouveau prétendant avec qui partager sa culture. Ils refont leur vie et Daley devient la pièce du puzzle en trop. Papa 1 – Maman 1 – Daley – 0 ! Daley subit, subit, subit. Elle ne trouve qu’un peu d’évasion dans les livres, ce qui lui vaut les moqueries de son père et de sa (connasse de) belle-mère.
Heureusement, dans la seconde partie du roman, après une ellipse d’une quinzaine
d’années, on retrouve Daley, jeune adulte, qui a droit à des moments d’intense bonheur, de ceux qui réchauffent le cœur, et ça fait du bien, tellement de bien… Aaah ce beau
Jonathan ! Mais tout cela sera bientôt de nouveau terni par Gardiner qui est une fois de plus tombé dans
les 36ème dessous et Daley va se sentir le devoir de le secourir, en mettant en danger son avenir prometteur…
Quant à la dernière partie, qui démarre de nouveau après une ellipse de 15 ans
(on se retrouve durant la campagne de Barack Obama pour la présidentielle), et sur laquelle je ne vous soufflerai mot, elle très émouvante (prévoyez des mouchoirs ), tout autant que la fin (des mouchoirs encore !
).
Il m’a fallu 3 jours pour arriver à rédiger ce billet et ils m’ont permis de mettre le doigt sur ce qui m’a plu dans ce roman, sur ce qui a su me faire passer du rire aux larmes, de l’amertume au sourire, de la colère à l’apaisement : c’est vraiment la façon de Lily King de traiter le thème principal de cette histoire, qui est la relation Père-Fille et il me semble que c’est l’un des sujets les plus riches et les plus touchants de la littérature… et de la vie.
Ma note :
EDIT : j'ai envoyé ce livre à Stéphanie-Plaisir-de-Lire suite à ce billet et elle
a encore bien plus apprécié que moi ce livre qui l'a beaucoup touchée, voici son billet par ici.