Et si vous gagniez 18.547.301 € (et 28 centimes) à l’Euromillions ?
Qu’en feriez-vous ?
Voici un roman qui fait beaucoup parler de lui, même à la télévision, c’est pour dire (avouons que les livres ne sont pas le sujet de prédilection des émissions dites "culturelles"). On y disait notamment que les droits avaient été achetés par une douzaine de pays, dont les Etats-Unis et la Chine, et qu’un film était déjà en préparation !
Le résumé : Jocelyne, dite Jo, rêvait d’être styliste à Paris. Elle est mercière à Arras. Elle aime les jolies silhouettes mais n’a pas tout à fait la taille mannequin. Elle aime les livres et écrit un blog de dentellières. Sa mère lui manque et toutes les six minutes son père, malade, oublie sa vie. Elle attendait le prince charmant et c’est Jocelyn, dit Jo, qui s’est présenté. Ils ont eu deux enfants, perdu un ange, et ce deuil a déréglé les choses entre eux. Jo (le mari) est devenu cruel et Jo (l’épouse) a courbé l’échine. Elle est restée. Son amour et sa patience ont eu raison de la méchanceté. Jusqu’au jour où, grâce aux voisines, les jolies jumelles de Coiff’Esthétique, 18.547.301€ lui tombent dessus. Ce jour-là, elle gagne beaucoup. Peut-être.
Je ne sais pas vraiment pourquoi mais en lisant le résumé, je m’attendais à un roman frais, drôle et léger. Alors, oui, il est rafraichissant car les personnages sont attachants. Drôle, il l’est parfois car certains personnages ont un humour assez savoureux. Léger ? Et bien, non. J’ai d’ailleurs été désarçonnée dans la seconde partie du roman car je ne m’attendais pas à ce que l’histoire prenne cette tournure. Pourtant, dans les premières pages, on a l’impression que le roman va emprunter ce chemin de la légèreté, mais bien vite, on se rend compte qu’il est plus profond et qu’il nous oblige à une réflexion assez intéressante sur le bonheur et sur nos besoins et nos envies.
Jocelyne, l’héroïne, ressemble à Madame tout-le-monde mais Jocelyne, elle a une vraie sagesse, la sagesse de la vie et des coups durs qui ont émaillé son parcours. Elle a des aspirations que sa vie quotidienne ne comble pas mais elle est tout de même heureuse. Elle sait que « l’argent ne fait pas l’amour ». Alors plutôt que d’encaisser immédiatement son gain, elle va faire des listes. La liste de ses besoins. La liste de ses envies. La liste de ses folies.
J’ai beaucoup aimé le portrait de Jocelyne, j’ai apprécié découvrir derrière la caricature de la bonne épouse un peu terne, une femme forte, dotée d’humour et de sagesse. Et soulignons le fait que Grégoire Delacourt réussit le tour de main de se mettre dans la peau d’une femme, avec brio !
Son écriture, résolument moderne, m’a convaincue. Le style est épuré, tantôt poétique, tantôt cash, et l’auteur fait preuve d’une grande sensibilité dans sa plume ce qui lui permet de transmettre une kyrielle d’émotions. Une mention spéciale pour tous les passages – souvent émouvants, parfois poignants- qui concernent la relation de l’héroïne avec (le souvenir de) sa mère, ainsi que la relation qu’elle entretient avec son père par intervalles de 6 minutes.
J’ai préféré la première partie du roman à la seconde mais dans l’ensemble, c’est une lecture qui m’a plu et qui a su m’émouvoir à
certains moments. Puis j'ai beaucoup aimé la fin, que l'on découvre au creux de plusieurs emails.
Un petit bémol ? C’est tout de même très court (186 pages, bien aérées) et j’aurais souhaité partager le chemin de Jocelyne un peu plus longtemps.
Ma note :
Merci à Livraddict et aux Editions JC Lattès pour cette jolie découverte !