Hier est sorti le premier roman de Karen Thompson Walker, « L’âge des miracles », aux Presses de la Cité. Petite particularité, il est sorti chez nous en avant-première (oui oui avant les USA !) avec 2 couvertures distinctes : une pour le public adulte et une autre en « Young Adult » (et si j’en crois les visuels sur Amazon, il en sera de même lors de sa sortie le 26 juin 2012 aux USA). Le livre s’est arraché chez les Éditeurs de nombreux pays et les droits cinématographiques ont d’ores et déjà été achetés.
Résumé : Et si nos journées commençaient à s'allonger, d'abord de quelques minutes, puis de plusieurs heures, jusqu'à ce que le jour devienne la nuit et la nuit le jour ?
Une journée d'octobre apparemment comme les autres, l'humanité découvre avec stupeur que la rotation de la Terre a ralenti. Les jours atteignent progressivement 26, 28, 30 heures, etc. Tandis que certains voient dans ce changement inexpliqué un signe que la fin est proche et cèdent à la panique, d'autres, au contraire, s'accrochent coûte que coûte à leur routine, comme pour nier l'évidence. Bientôt, la gravité est modifiée et certaines personnes sont touchées par un syndrome provoquant des malaises à répétition, les oiseaux sont désorientés et s'écrasent, les marées se dérèglent et les baleines s'échouent... En Californie, Julia est le témoin de ce bouleversement, et de ses conséquences sur la communauté, sa famille, et elle-même. Adolescente à fleur de peau, elle entre dans l'âge où son corps, son rapport aux autres et sa vision du monde changent : l'âge des miracles.
Entre roman d'anticipation et d'apprentissage, L'Age des miracles est un livre visionnaire sur la capacité d'adaptation de l'Homme, poussée ici à son paroxysme.
Voilà un roman qui ne pouvait sortir qu’en 2012 avec tout ce qui nous attend en décembre (la fin du monde) (ou pas
) (ou si
).
C’est Julia qui nous raconte son histoire, à partir du tout premier bouleversement, un jour d'octobre : le ralentissement de la rotation de la Terre, qui a (notamment) pour conséquence l’allongement de la durée des journées. Elle nous conte cette histoire a posteriori, ce qui est un choix de narration très intelligent. En effet, au début de ces changements, Julia a 12 ans mais le fait que ce soit une Julia plus âgée qui nous raconte les faits lui donne une maturité et un regard sur les événements bien plus intéressant.
On suit plusieurs personnages dans le roman, à commencer par ses parents : son père, médecin qui semble faire face aux
événements avec sérénité, et sa mère, bien plus fragile. Puis il y a les (rares) amies de Julia, mais aussi Sylvia, son professeur de piano, et enfin et surtout, Seth, le garçon qui fait battre
son cœur et lui donne des papillons dans le ventre. Je dois dire que j’ai apprécié tous ces personnages, mais ils souffrent tous, selon moi, du même défaut : le manque de développement.
J’aurais voulu en savoir plus sur Sylvia, sur son amie Hanna, et surtout sur Seth
Pourtant, j’ai vraiment apprécié suivre Julia, ses questionnements, ses peurs, ses doutes puis ses quêtes, de l’amitié et de l’amour. Une petite héroïne de 11-12 ans mais, comme je vous le disais, puisqu’elle nous conte les événements des années plus tard, cela nous offre un mélange intelligent de naïveté et de maturité. Bref, j’ai beaucoup aimé Julia, tant la narratrice que la jeune fille en devenir, au cœur de ces bouleversements.
Cependant, si j’ai ressenti de l’empathie pour cette Julia esseulée, j’ai trouvé le récit des événements parfois un peu trop chirurgical, manquant un brin de passion et d’intensité, que l’on aurait pu espérer davantage avec un cadre aussi dramatique et inquiétant.
Mais inquiétant, ça, on ne peut le lui enlever : le roman
l’est bel et bien ! Et le tout est encore rendu plus stressant par le fait que les personnages
fassent allusion à des dérèglements précurseurs de ce ralentissement : le trou dans la couche d’ozone, les virus pandémiques, des chutes d’oiseaux par centaines sans raison, ou encore la
disparition en masse des abeilles… De quoi flipper un bon coup et regarder le ciel d’un autre œil durant la lecture !
De plus, l’atmosphère s’alourdit au fur et à mesure (oui, un crépuscule à midi ou le soleil au zénith à minuit, il y a de quoi se
sentir un peu effrayé ! ), pour devenir presque suffocante à la fin du livre, car la paranoïa qui gagne les personnages,
finit par contaminer le lecteur.
Quant à la fin, elle m’a serré la gorge, et même si elle est tout à fait ouverte, j’étais assez étonnée que l’auteure ait décidé de terminer de cette façon. Je dois dire que ça m’a vraiment mis les larmes aux yeux et qu’il fut presque douloureux de me sentir aussi démunie face aux événements. Sans aucun doute la même impuissance qu’ont dû ressentir les protagonistes de cette histoire face à la toute-puissance de la Nature.
Donc, de manière générale, si je dois résumer mon ressenti (il parait que ce mot n’existe pas, je l’ai lu hier dans un billet sur un autre blog, tant pis, je l’aime bien moi) : voilà une lecture qui m’a plu et qui m’a fait pas mal réfléchir, avec de nombreux « Et moi qu’aurais-je fait ? Aurais-je été de ceux qui suivent le « rythme solaire » ? Aurais-je préféré conserver les sacro-saintes 24h pour rythmer les journées ? Une histoire que j’ai trouvée originale même si je déplore un peu le manque d’intensité et de développement des relations entre les personnages.
Un roman qui plaira donc à un large public, autant adulte qu’ado ;
et si l’absence d’avenir de notre planète Terre est un sujet qui vous intéresse, ne passez pas à côté de cette lecture. Quant à moi, je ne raterai le film sous aucun prétexte.
Et le mot de la fin : pourvu que tout cela n’arrive jamais !
Ma note :
Vous trouverez ici l'avis de Mélo, assez similaire au mien, puis l'avis de Stéphanie-Plaisir-de-Lire qui a été captivée par ce roman, ainsi que le coup de coeur de Alittlematterwhatever.
Des petits BONUS
- Un petit mot de l’auteure en vidéo :
- Trailer du livre, en VO (j’adore la voix choisie pour Julia, c’est tout à fait elle !) :
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Des avis (très très positifs) sur GoodReads, en anglais (de lectrices
qui ont lu les EPN, je suppose) : par ici.
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Les 2 couvertures VO :