Je vous parle aujourd’hui d’un tout petit livre (118 pages), « Enola Game », le premier roman de Christel Diehl, paru récemment aux Éditions Dialogues. Je vous mets d’ailleurs la couverture en MAXI taille, pour que vous puissiez en savourer les magnifiques premiers mots.
Une jeune femme et sa petite fille vivent enfermées dans leur maison. A l'origine de cette claustration, il y a Enola Game, une catastrophe dont on ne connaît pas la nature exacte : accident nucléaire ? Conflit mondial ? Guerre civile ? Au fil des semaines, malgré sa peur et son chagrin, la mère puise dans sa mémoire et ses lectures mille raisons de célébrer la vie. Cependant, tandis que la mère louvoie entre sa douleur, ses souvenirs magnifiés et sa volonté farouche de donner un sens à la vie de son enfant, les quelques nouvelles du monde qui lui parviennent encore sont chaque jour un peu plus alarmantes. In fine, la question de ce roman pourrait être : que reste-t-il quand il ne reste rien ?
Si vous avez lu « La Petite Fille qui aimait la lumière », de Cyril Massarotto (mon billet par ici) vous remarquerez sans aucun doute la similitude des thèmes abordés. Le huis-clos. Des circonstances mystérieuses. Un couple très fort et une relation à la fois banale et hors du commun. Et tout un tas d’émotions et de nombreux battements de cœur manqués aux moments les plus sombres et les plus douloureux. Et au terme de ma lecture, je suis tout aussi charmée par « Enola Game » que par le précédent.
Je me dois de commencer par ceci : quelle belle
écriture ! Pleine de grâce et de poésie, tout en douceur mais incisive, afin de nous immerger dans une
réalité sombre et désespérée. Je suis tombée en amour avec la plume de Christel Diehl. Vraiment, il faut le souligner, elle a un talent remarquable avec les mots.
Ajoutons encore que la narration à la troisième personne, ce « Elle », créé une atmosphère très particulière, et il nous rend, tout comme cette mère et sa fille, témoins des événements, sans aucune prise sur l’avenir. Conséquence directe : nous ressentons tout comme l’héroïne la tension oppressante résultant de la menace qui plane tout autour.
Du côté de l’histoire en elle-même, cette jeune femme se bat donc au quotidien pour raison garder et ne pas sombrer. Pour protéger sa petite fille de 3 ans, et lui cacher l’odieuse vérité, elle invente des Carnavals et des Feux d’artifice, puis surtout, elle lui raconte ses souvenirs pour continuer à garder un lien avec le monde d’ « avant », pour garder le regard et le cœur ouverts : les montagnes, les myrtilles qui font les lèvres bleues, l’odeur du foin, les étoiles filantes… tous ces petits bonheurs qui permettent de se raccrocher à la vie. Parce qu’après « Enola Game », plus rien n’a de sens, l’Humanité est en perdition, mais, en même temps, tout prend enfin sens. Car il ne reste plus que l’essentiel : plus de superflu, plus de surconsommation, plus de nombrilisme. EXIT nos vanités terrestres. Seule compte la vie. Seule compte sa fille.
Comme vous le voyez, nous ne sommes pas non plus très loin, dans l’idée, du merveilleux film de Roberto Benigni « La vie est belle » : mettre de côté sa propre terreur, son propre chagrin afin de préserver à tout prix l’innocence et la candeur de son enfant, malgré une réalité atroce.
Sans en dire trop, sachez que ce livre nous emmène dans les ténèbres, qu’il est très émouvant mais qu’il est également plein d’espoir. Je n’ai d’ailleurs pu retenir mes larmes mais qui le pourrait face à une telle histoire… pas si improbable que cela ?
Ma note :
Puis pour terminer, voici les avis positivement unanimes d’autres blogueuses : Noukette (merci pour la découverte !), Clara, Praline, Zazimuth, Aliénor, Lady K, et Canel.