Un blog pour partager mes plaisirs et déplaisirs de lecture.
Mon blog vous a peut-être semblé un peu à l’abandon depuis 2 semaines et pourtant, je lisais… et j’ai terminé hier le roman vanté comme l’un des meilleurs de la rentrée littéraire, « 1Q84 » de Haruki Murakami. Je l’ai reçu dans le cadre des « Matchs de la rentrée littéraire » organisés par Priceminister (merci à Remi), que je remercie pour la découverte !
Haruki Murakami… Haruki Murakami… Haruki Murakami… Entendez-vous ? Cette douce poésie qui émane de ce nom ? Voilà comment j’ai choisi ce livre… en prononçant ce nom empreint d’harmonie et d’exotisme… une invitation à la lecture avant même de connaitre le sujet du livre. Première expérience de littérature japonaise pour moi. De plus, les critiques ultra positives, tant des professionnels que des blogueurs, m’avaient vraiment donné envie de lire ce roman.
Le résumé de l’éditeur : au Japon, en 1984. C'est l'histoire de deux mondes, celui réel de 1984 et un monde parallèle tout aussi vivant, celui de 1Q84. Deux mondes imbriqués dans lesquels évoluent, en alternance, Aomamé et Tengo, 29 ans tous deux, qui ont fréquenté la même école lorsqu'ils avaient dix ans. En 1984, chacun mène sa vie, ses amours, ses activités. Tueuse professionnelle, Aomamé se croit investie d'une mission. Elle a aussi une particularité : la faculté innée de retenir quantité de faits, d'événements, de dates en rapport avec l'Histoire. Quant à Tengo, c’est un génie des maths, apprenti-écrivain et nègre pour un éditeur qui lui demande de réécrire l'autobiographie d'une jeune fille échappée d’une secte. Il est aussi régulièrement pris de malaises lors desquels il revoit une scène dont il a été témoin à l'âge d'un an et demi. Les deux jeunes gens semblent destinés à se retrouver mais où ? Quand ? En 1984 ? Dans 1Q84 ? Dans cette vie ? Dans la mort ?
Malheureusement, ce roman fut une réelle déception pour moi. Haruki Murakami n’a pas réussi à me toucher, ni à m’intéresser et, pour être honnête, la lecture de ces 534 pages fut un supplice (plus de 2 semaines de lecture quotidienne pour 534 pages, tout est dit). A l’exception tout de même de quelques passages, et chapitres, qui ont suscité mon intérêt et piqué ma curiosité.
Je vais essayer de mettre des mots sur ce déplaisir de lecture. Tout d’abord, il y a la langue, cette poésie de la plume de Murakami , que la plupart des lecteurs s’accordent à reconnaître. De mon point de vue, il y a très peu de poésie et
j’ai eu souvent l’impression que Murakami « s’écoutait écrire ». Il y a une profusion de comparaisons et de métaphores, qui m’ont
souvent écœurée par leur nombre.
Mais pire que tout, il y a les digressions… J'ai l'impression que Murakami a une marque de fabrique et donc, dans chaque chapitre, on a droit à un nombre minimum de digressions,
quelquefois intéressantes, mais souvent longues, et qui, pour moi, ne participent que très peu (voire parfois pas du tout) au développement de l’intrigue, ou à la construction des personnages…
Alors, à quoi bon lire des pages entières consacrées à l’historique des chemins de fer en Manchourie du Sud, aux araignées, ou à la vie du compositeur Janacek ? De
plus, pas mal de descriptions sont interminables (et parfois même répétées à 3 ou 4 reprises, quasi avec les mêmes mots, dans la bouche de personnages différents) et ont participé à ma mise à l’écart de cette histoire . Pour moi (ne me lancez pas des pierres au visage, les nombreux fans de Murakami
), cet auteur se
regarde le nombril quand il écrit. C’est dur, je sais, mais c’est comme cela que je l’ai ressenti : une écriture forcée et un peu cuistre.
En outre, dans ce roman, les scènes de sexe ou d’allusions au sexe sont assez nombreuses. Et vu les critiques qui qualifient la langue de Murakami d’aérienne, d’enlevée, de légère, de poétique, de métaphorique, etc., et bien je m’attendais à lire des passages d’un sensualisme fort, et d’un érotisme puissant… En lieu et place, j’ai assisté à un étalage de sexe ridicule qui, au choix, me filait la nausée ou suscitait mon hilarité (avouez que le « Avez-vous un grand zizi ? » ou le très fin « J’ai mal à l’anus » ne sont pas enclins à susciter l’envie). De plus, les réminiscences d’un souvenir de Tengo concernant de sa mère, et qui constituent pour lui une espèce de fantasme incestueux, m’ont carrément mise mal à l’aise. Enfin, plusieurs fois nous sont contées des scènes de « drague » que j’ai trouvées totalement abracadabrantes… mais, à sa décharge, je me suis dit que cela était sûrement dû à ma méconnaissance de la culture nippone.
Bon assez des critiques négatives, venons-en à ce qui m’a tout de même plu. Les personnages que nous rencontrons dans cette histoire sont fort bien construits et vraiment intéressants. Les deux héros, Tengo et Aomamé, dont nous suivons les aventures un chapitre sur deux, ont une personnalité fort atypique, et attachante, avec une préférence, pour ma part, pour Aomamé et son pic à glace. Mais j’ai surtout eu un vrai coup de cœur pour la jeune Fukaéri, auteure un peu malgré elle d’un Best-Seller aussi énigmatique que sa personnalité. C’est un personnage éminemment riche et j’ai pris énormément de plaisir à lire les pages qui la mettaient en scène. Elle a constitué, pour moi, une bulle d’oxygène salvatrice, dans cette masse lourde et sans fin.
D’autres personnages viennent encore enrichir l’histoire : une vieille dame qui met sa fortune au service d’une juste cause, un garde du corps gay, une policière joviale et très attachante, un Editeur un peu fou, un Maître assez mystérieux, des Little People dont une ne sait quasi rien dans ce tome, mais qui promettent de jolies découverts dans la suite… Tous ces personnages sont, pour moi, sans conteste, ce qui a sauvé ma lecture du naufrage et de la perte totale. En outre, tous ces personnages, ou la plupart, ont en commun d’avoir vécu une enfance amère, parfois très dure, d’être marqués par des blessures psychologiques souvent profondes, qui conditionnent leurs choix présents. Cette particularité de l’histoire m’a vraiment intéressée et séduite.
Quant à l’intrigue en elle-même, cette histoire censée être fantastique, je ne peux pas vraiment poser de jugement sur celle-ci car il me semble que ce premier tome était davantage une introduction aux deux suivants, et donc, très peu d’éléments nous sont donnés pour comprendre exactement les enjeux de ce « 1Q84 » par rapport à 1984… mais il y a fort à parier que les tomes 2 et 3 seront plus précis sur le sujet.
Je terminerai par le dernier point qui a suscité mon intérêt, les croisements dans l’histoire : tous ces petits éléments, parfois infimes, qui se recoupent au fil de la lecture et qui nous permettent de trouver des points communs entre ces différentes vies, de faire des liens entre le passé et le présent, dans un mécanisme de spirale fort bien construit, constitue une des forces de ce roman.
Je pense que j’ai fait le tour de ce que j’ai pensé de ce livre et, même si certains éléments m’ont vraiment séduite, ils ne peuvent en aucun cas effacer le calvaire que j’ai vécu dans les 250-300 premières pages… ils l’atténuent juste quelque peu...
Ma note :
Je m’en voudrais cependant de vous faire passer à côté d’un chef d’œuvre, puisqu’après tout, c’est ainsi qu’il est qualifié un peu partout alors, voici des critiques conquises d’autres blogueurs, que je vous recommande chaleureusement pour avoir toutes les cartes en main pour faire votre choix : Amethyst, Mister K, et BlackWolf. Néanmoins, notez tout de même que je ne suis pas la seule à être restée un peu au bord du chemin, voici les avis d’Elise et de Reveline.