Un petit roman SF au programme du jour, intitulé « 0.4 » (Lire Zéro Point Quatre), de Mike Lancaster. Un roman de SF jeunesse. Et j’insiste sur le « jeunesse ».
Voici le résumé de la quatrième de couverture, qui est court mais efficace : « Quand ils se sont réveillés, leurs amis, leurs parents, leurs voisins, tout le monde avait changé. Tout le monde, sauf eux quatre ». Dans ce roman, le narrateur, Kyle Straker, nous raconte sur des cassettes audio, sa vie ordinaire, celle d’« avant », à Millgrove, en Angleterre. Puis, il nous explique comment tout a basculé, lors du « Concours annuel d’Amateurs » organisé dans son village. En effet, au milieu des spectacles habituels de danse, chant, ventriloquie, etc., Danny Birnie propose un numéro original : une séance d’Hypnose. Quatre spectateurs se portent volontaires mais lorsqu’ils se réveillent, ils découvrent le public… changé. Et durant le reste du roman, on apprend, petit à petit, ce qui s’est réellement passé durant ces quelques minutes d’hypnose…
En dire davantage serait, à coup sûr, déflorer l’histoire et vous gâcher le plaisir de la découverte de ce monde futur.
Je vais commencer par ce qui m’a dérangée, et fatiguée tout au long de ma lecture : le style. En effet, la langue est (beaucoup) trop simpliste. Pas d’erreurs, ni de coquilles, ni de vocabulaire familier à outrance, non ce n’est pas cela, mais la syntaxe est vraiment très (trop) rudimentaire, ce qui en fait presque un livre pour les 10-12 ans. On a droit à une caricature du langage ado, dans tout ce qu’il a d’oral et de pauvre. Il faut tout de même admettre que cette langue simpliste a néanmoins l’avantage de dynamiser la lecture et de la rentre ultra-rapide, ce qui est, au moins de ce point de vue-là, assez agréable.
De plus, j’ai trouvé la mise en place de l’intrigue un peu trop longue, en me demandant sans cesse où l’auteur voulait en venir. Mais dès que ça
démarre, assez rapidement finalement, on ne cesse de se poser 1000 questions sur ces événements inexplicables qui touchent ce village. En
outre, le découpage en chapitres courts accélère également le rythme de lecture, déjà assez rapide grâce à cette histoire intrigante dont on veut à tout prix connaître les tenants et les
aboutissants. On ne peut enlever à ce livre qu'il sait tenir en haleine !
Quant aux personnages, ils sont très peu développés (voire pas du tout?), y compris le héros dont on ne sait au final pas grand chose. Et il en va de même pour les 3 autres, qui constituent donc ce fameux groupe des « zéro point quatre » : Lily, Kate O’Donnell et le facteur ventriloque, Mr Peterson. Certes, c’est une conséquence logique du choix de l’auteur de nous donner une retranscription de cassettes audio, par définition très succincte…. Mais tout de même, c’est le néant côté personnalité (et même physique) des personnages.
Alors, comment vous parler de la suite sans trop en dire... Les habitants de ce village vont être confrontés à des phénomènes étranges et très inquiétants, qui attisent la curiosité tant on a envie de savoir… Qui ? Quoi ? Comment ? Pourquoi ?? Malheureusement, les descriptions des manifestations de ces phénomènes sont assez mal ficelées… on comprend (bah oui, on nous le répète tout le temps) que ça ne ressemble à rien de connu… mais il est vraiment mal aisé de s’en faire une image tant les descriptions sont bâclées… dommage, ç’aurait pu être tellement plus visuel !
Cependant, dans les 50 dernières pages, l’univers est un peu plus travaillé, ce qui rend les choses plus palpables et concrètes, ce que je trouve indispensable dans tout bon roman de SF. Sachez également que ce roman a des petits airs de "Matrix", ou plutôt de "Matrix pour les Nuls", car beaucoup moins fouillé et profond que le film, mais tout aussi réflexogène ! (j’étais bien obligée de créer un petit néologisme pour coller au roman ).
Mon avis n’est pas aussi enthousiaste que tous ceux que j’ai lus (je vous invite d’ailleurs à consulter les billets très positifs de Archessia, TheChouille , Elise et Tiboux qui ont eu un coup de cœur pour ce roman !) mais je crois que c’est parce que 32 ans, c’est plus du double de l’âge du public cible et désormais j’attends plus de choses d’un livre qu’il ne soit juste une « bonne histoire » (ce qui est le cas de celui-ci). Puis, je crois que je suis aussi un peu énervée de payer + de 10 euros pour un livre qui a l’air gros quand on le reçoit mais qui au bout du compte, est imprimé sur du papier carton, avec une police taille 14, de beaux interlignes, des demi-pages vides, ce qui fait qu’en regardant bien, en lieu et place des 255 pages annoncées, on doit être plus proche des 150… et qui peut se targuer de planter, développer et terminer une histoire de SF en si peu de temps ?
Ajoutons tout de même que je ne me suis pas ennuyée à la lecture de ce roman (au contraire, il m’a tenue en haleine !) mais je pense que c’est un livre qui fera surtout vibrer les 13-14 ans ou alors les novices de la SF… car après Matrix, I Robot, Equilibrium, Minority Report, etc., Mike Lancaster ne fait pas vraiment le poids.
Ma note :