Résumé : « J’ai passé plus de temps que toi sur cette Terre. Et notre différence, c’est que moi, je t’ai perdue. C’est parce que j’ai continué à vivre que je le sais. J’ai voulu être seul souvent pour être avec toi. Il faut bien donner son temps aux amours invisibles. S’en occuper un peu. Encore maintenant je me demande comment tu vas. Ce que tu fais. Je cherche de tes nouvelles. J’invoque la colère pour que tu la calmes. Quelques rires où tu me rejoindrais. Et le soleil a changé, puisqu’il manque une ombre. Mais je suis heureux. Et c’est à ton absence que je dois de le savoir. ». Le temps d'une nuit, le narrateur est visité par sa femme disparue sous les coups d'un homme. Il lui parle et l'emmène dans une déambulation dans les rues parisiennes. Sur les lieux de leur amour et de leurs déchirures, il s'adresse à elle et convoque, au fil de pages intenses, les blessures et les joies de leur destinée tragique, leurs souvenirs communs, leur fils merveilleux et la difficulté de vivre sans elle.
Dans ce petit livre (170 pages), Samuel Benchetrit s'adresse à Marie Trintignant, disparue depuis 13 ans déjà, et il lui livre ses pensées, ses peurs, et ses questionnements. Il y est question du passé et du présent, mais n'espérez pas trouver entre ces lignes des révélations ou des détails sordides. Car Samuel y parle surtout (très bien) d'amour... pour Marie, pour son fils, pour A., pour la vie, ou pour la nuit. Et même si forcément ce récit est très intime (on y reconnait aisément tous les protagonistes malgré la discrétion de l'auteur), il est aussi très pudique. Intime et universel aussi puisque ces thèmes nous touchent tous un jour ou l'autre : la perte, la tristesse, l'absence et la douleur.
Si le contenu est forcément émouvant, c'est néanmoins surtout la plume qui m'a touchée. J'ai eu l'impression de lire un monologue, vif et hanté, et parfois apaisé. Des phrases courtes, très très courtes, de la narration, quelques dialogues, beaucoup de non-dits aussi... et des allusions qu'on ne peut pas toujours comprendre car elles n'appartiennent qu'à cet homme et à son histoire.
L'ensemble se lit d'une traite, c'est lancinant et poétique, c'est triste mais c'est beau. Tantôt comme un cri d'amour susurré à l'oreille. Tantôt comme un mot d'amour hurlé à pleins poumons.
En bref, un très touchant moment de poésie douce-amère.
Ma note :