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Un premier roman, une jeune auteure de 28 ans, un résumé plus que tentant : comment résister à cette nouvelle parution des Editions Sonatine !
Résumé : Elizabeth a disparu. Maud ne cesse de retrouver des bouts de papier dans ses poches, avec ce simple message. Elizabeth a disparu. Le plus troublant : c'est sa propre écriture. Mais elle ne se souvient pas avoir écrit ces mots. Maud ne se souvient d'ailleurs plus de grand-chose ces derniers temps. Elle ne se souvient plus de l'heure, ni si elle a mangé ni si sa fille est venue la voir. Ce qu'elle sait, en revanche, c'est qu'elle n'a pas vu sa vieille amie Elizabeth depuis longtemps. Trop longtemps. Lorsqu'elle tente d'alerter ses proches, elle a droit à des sourires indulgents, personne ne la prend au sérieux, elle est septuagénaire et on la traite comme une enfant de 4 ans. Malgré tout, Maud est de plus en plus persuadée que quelque chose est arrivé à Elizabeth. De la même façon que quelque chose est arrivé, cinquante ans plus tôt, à sa propre sœur aînée, Sukey, dont la disparition ne fut jamais élucidée. Maud ferait-elle un transfert inconscient ? Confondrait-elle le passé et le présent ?
La quatrième de couverture l'annonçait et en effet, Emma Healey nous transporte littéralement dans l'esprit de Maud, atteinte de la maladie d'Alzheimer, avec une réelle empathie et une très grande justesse.
Maud, à cause de sa maladie, perd tous ses repères et ses certitudes et, forcément, le lecteur perd également tous les siens, ce qui a pour effet de rendre cette recherche de la vérité encore plus prenante. J’ai vraiment aimé me retrouver à l’intérieur de la tête de Maud et de me sentir totalement perdue et démunie, exactement comme elle.
Je le disais pour débuter, mais c'est tellement vrai que je le répète : l’histoire sonne vraiment très (très très) juste : on comprend à la fois le désarroi, le mal être, la peur, le désespoir de Maud face à cette mémoire de papier et ce temps qui devient élastique (c’est vraiment dramatique et douloureux à observer) ; mais on ne peut également que comprendre l’exaspération des proches (démunis) face à cette mémoire qui pédale dans la semoule, et à ces sempiternelles questions. Encore et encore et encore toujours les mêmes questions. L’exaspération mais aussi la culpabilité de ne plus la croire, lui faire confiance, ni même... l'écouter.
Il me semble certain que l’auteur a dû se documenter très sérieusement car les errances de la mémoire de Maud sont d’une crédibilité impressionnante… et effrayante. Une sacrée expérience que cette lecture à travers les yeux de l'héroïne, qui m’a fait comprendre et ressentir, pour la toute première fois de ma vie, ce que signifiait réellement et concrètement « perdre la mémoire ».
Il ne s’agit pas ici d’un thriller ou d’un roman noir avec du sang à profusion, mais bien d’un suspense psychologique. Dès le début, on n’a qu’une envie : que Maud réussisse à mettre de l’ordre dans ses souvenirs et dans tous les petits papiers qui remplissent ses poches, afin de comprendre ce qui l’inquiète tant au sujet de son amie disparue : est-ce qu’elle perd la boule ? Est-ce qu’elle dit vrai ? Est-ce qu’elle confond le présent et le passé ? Est-ce que son entourage lui cache des choses ? Est-ce que certains personnages mentent ? On ne cesse de se poser ces questions et les pages se tournent de plus en plus vite.
Forcément l’histoire avance au gré des souvenirs épars de Maud et donc, plutôt lentement, mais la tension est suffisante pour garder l’intérêt du lecteur intact. La résolution n’intervient que dans les 50 dernières pages et par conséquent, il ne faut pas vous attendre à de l’action en veux-tu en voilà, mais bien à un voyage qui avance petit papier par petit papier... vers les révélations finales. Révélations qui ne m'ont ni étonnée ni passionnée, car c'est vraiment le cheminement que j'ai aimé vivre !
Ma note :